Lorsque
l'on parle d'objet transitionnel, on ne peut qu'être obligé de penser à
Winnicott qui pourtant l'appelait "le phénomène transitionnel".
Pourquoi phénomène ? Par ce que plus qu'un objet, il constitue à lui seul un
espace de construction momentané et illusoire, il est en réalité la "
première possession non-moi ".
Lorsque cet objet investi par l'enfant est trimbalé trituré, dorloté, aimé,
haïe, il est en quelques sortes le reflet de son évolution, le reflet de tout
un espace de transition.
En effet, et cela pour comprendre, il
convient de lire le raisonnement de Winnicott lorsqu'il nous explique que
l'objet transitionnel est le premier objet qui n'appartient pas au corps de
l’enfant ( le sein : objet fantasmatique et le pouce objet de satisfaction étant
deux éléments appartenant forcement à l’enfant dans sa non dissociation).
Lui, l'objet transitionnel, l'heureux élu, sera considéré comme étant ni à
l'intérieur, ni à l'extérieur de l'enfant, mais à la fois les deux...
Alors à quoi sert il ? Objet de sevrage, il sert un peu avant,
pendant et beaucoup après celui ci...
Il permet à l'enfant de transférer ses sentiments, c'est
pourquoi, les mamans recousent souvent les lambeaux de ces affreux jojos
malodorants tout décousus de partout aussi bien malmené avec rage, que choyé
avec douceur.
Il permet à l'enfant d'effectuer à travers lui son premier véritable choix
à long terme, aussi bien sur son aspect que sur son petit nom ( qui sera lui
aussi choisi bien souvent en rapport avec ses écoutes et ressentis).
Les parents qui respecteront le doudou permettront à l'enfant
de gérer la première "chose" importante de sa vie ne faisant pas
partie de lui-même. De plus, même si les parents ne voit qu'un bout de tissus
tout sale, l'enfant, lui, ne le perçoit pas comme tel, il le voit en quelques
sortes comme un bout de lui-même tout en ayant conscience que c'est un autre
qui ne lui appartient pas.
Mais qu'advient il du doudou vénéré en grandissant ?
Il perd tout simplement cette valeur symbolique pour être soit relégué au
fond du coffre à jouer, soit encadré au mur comme étant "la chose"
représentant la toute petite enfance.
Mais alors, est ce pour combler une carence ou est ce nécessaire juste pour
grandir ?
Je vais citer une phrase de Winnicott qui en dit long sur l'inévitable sevrage
: " Autant la mère doit avoir pu illusionner son enfant sur sa capacité
à créer le sein qui le satisfait, autant elle doit s’employer à le désillusionner,
en ne s’adaptant qu’incomplètement aux besoins de l’enfant " …
Car qu'est ce qui fait transition dans l'objet ?
L'objet transitionnel n'est en quelque sorte qu'une représentation
symbolique de la transition du tout petit enfant étant en totale communion
d'avec sa mère à la séparation de cette union pour devenir uniquement
relationnel et non vital (mère nourricière), il est non seulement nécessaire
pour grandir mais ne comble pas de carences, si ce n’est que de la
satisfaction au désir de l’enfant, en revanche il constitue à lui- seul un
bouclier à toute forme d’angoisses de séparation et de manque
d’affection.
Alors que peut il se passer, si il n'y pas d'autre objet transitionnel que la mère,
elle-même ? Winnicott nous indique que pour qu’il y ait investissement
d'objet transitionnel, il est primordial que l’enfant ait pu construire dans
son "dedans" un objet interne et de surcroît, de bonne qualité.
Alors comment constituons nous nos objets internes bons ou mauvais ?
Ils dépendent des caractères et du comportement de l’objet externe.
Lorsqu'il y a carence d'une fonction essentielle alors un objet interne sera en
correspondance et cela par voie de conséquences soit persécuteur ou mort,
dans ce cas, les possibilités de l'enfant d'investir un objet de son choix
reste moindres voire difficiles, voire impossibles.
Que peut on faire pour l’enfant dans ce cas ?
Dans CE cas précis, il est vivement conseillé à la mère de consulter un
analyste afin qu’elle puisse comprendre ce qui c’est joué pendant sa
grossesse et pendant son allaitement. Prenez soin des doudous, ils ont leur
importance.
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