A la Rencontre des idées et des pratiques en psychologie et psychanalyse

'Répétition mortifère'

La répétition
De la répétition mortifère à la répétition thérapeutique
par Hélène BRUNSCHWIG

De l’histoire bloquée à l’histoire reconquise  

N’appartenant plus à une institution soignante,  j’avais scrupule à m'exprimer sur ce sujet, jusqu’à ce que je trouve une justification dans ce très beau texte du Professeur HOCHMANN

« Le concept d’institution mentale que je propose ici replace l’institutionnel au centre du soin aux psychotiques et prétend le libérer de ses compromissions avec des pratiques et des structures d’accueil ou de garde, qui n’ont rien, en elles-mêmes, de soignant. La seule institution qui vaille est celle que nous constituons avec nos concepts et notre fantaisie et que nous mettons en œuvre dans un échange signifiant avec nos patients. »
   
Dans le travail que je pratique, particulièrement en psychothérapie d’enfants, je suis souvent frappée de la place centrale de la REPETITION :
-         la répétition perpétuelle des symptômes de l’enfant apparemment tout à fait stérile,
-         la répétition de la plainte des parents
-         la répétition du sentiment d’échec des enseignants.

   Tout est toujours pareil, rien ne change, rien n’y fait, on se désespère, on n’y arrivera jamais….

   Pourtant, en y réfléchissant de plus près, je me suis aperçue de l’importance et de la fonction de cette répétition.

   Dans certains cas, on est d’abord frappé par son caractère an-historique, comme si l’évolution de la personne était cassée ; la répétition ne sert à rien, elle semble bloquer à tout jamais l’évolution historique de l’individu et celle de son insertion dans son environnement (famille, institution). Pourtant, on peut se rendre compte petit à petit que cette répétition, apparemment stérile, a en fait plusieurs fonctions que nous allons essayer de mettre en évidence.

   Je ne parle pas ici de la répétition à des fins d’apprentissage ou de la répétition sécurisante des rituels pour se rassurer avant de s’endormir ou avant de partir à l’école. Répétitions que l’on pourrait qualifier d’utiles, ou même d’indispensables.

   Je veux parler ici des répétitions de symptômes dont personne ne voit l’utilité et qui font souffrir tout le monde. Pourtant, même cette forme de répétition apparemment « inutile » remplit un certain nombre de fonctions qui ne sont pas sans rapport avec celles que jouent les répétitions « utiles » :
-        
celle de la poursuite de la réalisation d’un but imaginaire sans cesse différé,
-        
celle de la réassurance intérieure,
-        
celle de l’épuisement des fantasmes,
-        
celle de l’apprentissage de la maîtrise,
-        
celle d’une rentrée à tout petits pas dans l’histoire du sujet et de son environnement.

Nous, thérapeutes, nous pouvons essayer de nous en servir et d’en trouver le sens ; nous intensifierons ses effets et les rendrons plus thérapeutiques. 

   Mais je voudrais tout d’abord vous citer un passage de la conférence passionnante que M. Nasio a faite en 1991 aux « Séminaires psychanalytiques de Paris », conférence intitulée Introduction à Freud. 

« La compulsion à la répétition est une pulsion première et fondamentale, la pulsion des pulsions, ce n’est plus un principe qui oriente mais une tendance qui exige de retourner, de retrouver ce qui a eu lieu. Ce désir actif du passé, même si ce passé était mauvais pour le moi, s’explique par cette compulsion à reprendre ce qui n’a pas été achevé avec la volonté de le compléter. Tous nos actes seraient des substituts d’une action idéale et non réalisée. La compulsion à la répétition serait ce désir qu’il n’y ait pas de substitut. Freud considère la compulsion à la répétition comme une force qui dépasse les limites du principe de plaisir, qui va au-delà de la recherche du plaisir. »     

 suite de la conférence : "La répétition"



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