A la Rencontre des idées et des pratiques en psychologie et psychanalyse

Brigitte MARTEL

Interview : Brigitte MARTEL
Gestalt et sexualité
CarMed : La Gestalt est-elle outillée pour parler de sexualité ? 

Brigitte Martel : J'ai souvent constaté que les difficultés sexuelles se greffaient sur une difficulté de vie, en particulier sur les problèmes liés à la finitude ou à la perfection. La Gestalt-thérapie, avec ses fondements existentialistes, avec l'attention au processus de contact et la réhabilitation d'une saine agressivité propose des axes de travail originaux et opérants dans le domaine de la sexualité. 

CarMed : Il y aurait, selon vous, des difficultés primaires et des difficultés secondaires. Pouvez-vous nous donner un exemple ? 

B.M. : Les difficultés primaires sont celles qui existent depuis toujours. Elles sont souvent reliées à un problème physiologique, et dans ce cas nous invitons la personne à consulter un médecin parallèlement au travail de psychothérapie. 

Les difficultés secondaires sont celles qui sont arrivées au cours de l'existence et peuvent être liées à un événement de la vie, à une rencontre avec une personne particulière. C'est là que la Gestalt-thérapie est le plus pertinente. 

CarMed : Pourquoi parlez-vous du cycle de contact ? 

B.M. : J'ai fait des liens entre le cycle de la réponse sexuelle décrit par les sexologues et le cycle du contact de la Gestalt. En Gestalt, on regarde le processus de contact avec l'environnement sous forme d'un cycle avec des étapes, et l'exploration peut porter sur les interruptions de ce cycle. Ce style de travail est très adapté au thème de la sexualité. 

CarMed : Qu'est-ce que la phase de résolution ? 

B.M. : C'est une phase du cycle de la réponse sexuelle qui est essentiellement physiologique. Après l'orgasme, les organes sexuels reprennent leur position initiale. 

CarMed : Quelle est la différence avec la période réfractaire ? 

B.M. : La période réfractaire est celle pendant laquelle un nouveau cycle ne peut pas être commencé. Elle recouvre la phase de résolution et la prolonge. Ce qui peut être abordé en psychothérapie, ce sont les difficultés de communication qui arrivent souvent dans un couple à ce moment, à cause du décalage possible entre les rythmes ou les désirs de chacun. 

CarMed : … car pour l'un, l'excitation n'est plus d'actualité à ce moment-là ? 

B.M. : Exactement, et c'est une période qui peut être très désagréable si l'un des partenaires a envie de recommencer un cycle et que l'autre est dans une période réfractaire. 

CarMed : Y a-t-il des personnes qui ont une période réfractaire plus longue que d'autres ? 

B.M. : Oui, l'âge en particulier a tendance à allonger cette période ; mais chacun a une marge de manœuvre. Je pense en particulier à la recherche tantrique qui permet de supprimer cette étape, en séparant la notion d'orgasme et la notion d'éjaculation. L'intérêt de la recherche tantrique est qu'elle met au premier plan la rencontre sexuelle, œuvre d'art, et nous éloigne d'une conception plus mécanique de la sexualité. 

CarMed : Ensuite vous parlez d'élaboration psychique. De quoi s'agit-il ? 

B.M. : C'est une phase très importante car c'est un moment où la personne assimile l'expérience et où elle va nourrir ce que les gestaltistes appellent sa "fonction personnalité". 

CarMed : Pouvez-vous nous donner un exemple ? 

B.M. : C'est un moment où la personne peut se dire : "je n'ai pas exprimé mon besoin" ou "je n'ai pas dit ce dont j'avais envie" ou "encore une fois, je n'ai pas réussi à dire non au début, je ne voulais pas avoir cette relation sexuelle", ou encore "cette fois-ci, j'ai enfin réussi à demander ce que je voulais" ou "j'ai écouté mon partenaire", etc.

C'est donc une période qui se nourrit de l'expérience. Je rencontre des personnes qui évitent cette phase et qui, de ce fait, multiplient les rencontres, en enchaînant les relations sexuelles sans pouvoir vraiment assimiler l'expérience. 


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