accueilactualitérevue de presse
 
 
 Revue de la Presse Médicale, Psychiatrique, Psychologique et Psychanalytique

   «Thérapies à l'écran » 

Par Jean-Jacques Larrochelle, 
Le Monde Télévision       Source extranet@psy-en-mouvement.com

A partir de situations réelles, jouées par des comédiens et commentées par des spécialistes, " Psycho-fiction " entend familiariser le grand public à la pratique de la psychothérapie. Une série en quatre volets programmée sur France 5

Regard flottant, gestes hésitants, débit de paroles tout aussi incertain : Stéphane, graphiste trentenaire, est l'archétype de l'individu mal dans sa peau. De ceux chez qui l'idée de la moindre confrontation à l'autre emplit de malaise. La venue à son domicile d'une de ses clientes, dont il n'est pas insensible au charme, va servir de déclencheur à un exercice télévisuel d'un type nouveau.

" Psycho-fiction ", dont le premier épisode, L'Estime de soi, a été programmé mardi 20 février  sur France 5,  et " raconte des histoires - écrites par une scénariste et jouées par des comédiens - à travers des personnages de fiction confrontés à de véritables psys ", explique Fabienne Servan-Schreiber, directrice de Cinétévé, coproductrice de la série. 

L'objectif de cette collection en quatre volets est d'" incarner, familiariser, faire comprendre cette démarche au grand public, afin qu'il puisse s'identifier à ces personnages ". Et, le cas échéant, faire lui-même le choix de franchir le seuil du cabinet d'un spécialiste pour confier son mal-être.

Interpeller des inconnus dans la rue pour leur demander la direction du métro le plus proche : l'entreprise paraît dérisoire, elle représente pourtant un véritable défi pour Stéphane. L'exercice est porteur de vertus thérapeutiques, affirme Christophe André, le psychiatre que le jeune homme s'est décidé à consulter. Jusque dans la rue, en digne chantre de la thérapie comportementale, le praticien accompagnera son patient sur le terrain de son angoisse.

En 52 minutes, chacun des épisodes de " Psycho-fiction " (après L'Estime de soi, Couple en crise, le 20 mars, Famili-mélo, le 17 avril et L'Accompagnement en fin de vie, le 22 mai) se déroule selon la même grille : scénarisation d'une situation de la vie quotidienne où se manifeste le symptôme ; rencontre avec un psychiatre lors d'une ou plusieurs séances de dialogues thérapeutiques ; exercices pratiques de résolution du problème et recommandations d'usage ; retour enfin chez le médecin pour un bilan de l'expérience vécue.

La rencontre a lieu dans le cadre feutré d'un cabinet à la mise en scène pour le moins rassurante : décoration minimale dans un camaïeu de mauve et rose, orchidée solitaire posée sur une table basse, buste de Bouddha et quelques livres anciens savamment empilés.

Depuis le 29 octobre 1983, date du lancement sur Antenne 2 du premier numéro de son désormais légendaire " Psy Show ", l'exercice consistant à faire parler des gens de leurs problèmes intimes devant une caméra - le cas échéant, via l'expertise d'un spécialiste - n'est pas rare. " Psycho-fiction " n'est pour autant pas une émission de débats de plus sur les troubles de notre société. En recourant à une scénarisation du vécu - les acteurs sont d'ailleurs plutôt convaincants -, la série veut éviter un écueil d'importance : le témoignage réel.

Grâce à un contrôle total du récit, la série ne s'embarrasse pas de complications formelles ou discursives. Le style est direct. La démarche et le travail d'explication final, avant tout pratiques, adoptent un ton qui rappelle les productions diffusées un temps par le Centre national de documentation pédagogiques (CNDP) à l'intention des enseignants et de leurs élèves.

Cette forme de simplification à outrance est à double tranchant. En s'introduisant dans l'intimité du psy et de son patient via le filtre de la fiction - on ne sait d'ailleurs pas très bien quelle est la part de jeu qui revient aux " véritables psys " -, la caméra permet au spectateur de " mettre l'oeil dans le trou de la serrure sans éprouver de sensation de voyeurisme ", affirme Nicole Jamet, ancienne actrice devenue scénariste (on lui doit notamment le feuilleton à succès " Dolmen " sur TF1) auteure et principale scénariste de " Psycho-fiction " au côté de Jérémie Kaminka, son fils dans la vraie vie.

Cette objectivation du vécu tend, en revanche, à reteindre la part d'incertitude propre à chaque être face à l'expression de ses difficultés. Angoisses, conflits, frustrations : grâce à " Psycho-fiction ", leur résolution semble d'un coup très facile. A l'instar de toute comédie, car il s'agit aussi de cela, l'obstacle rencontré par le patient est finalement surmonté et le programme s'achève à chaque fois sur un joyeux happy end. En sera-t-il toujours ainsi pour tous celles et ceux qui, à l'invite de ces thérapeutes cathodiques, feront la même démarche ? L'histoire, cette fois-ci, ne nous le dit pas.
___________________________________________________________________________

   «Les ''psys'' de service à la télévision » 

Par Macha Séry
Le Monde

Depuis 30 ans, et les chroniques de Françoise Dolto sur France Inter dans l'émission " Quand l'enfant paraît " de Jacques Pradel, les psys sont sortis de leur cabinet de consultation pour investir la sphère médiatique. A la télévision, l'un des pionniers de cette vulgarisation fut - à la grande surprise de la communauté des psys -, le très sérieux spécialiste de Lacan, Serge Leclaire, qui officia en 1983 au côté de Pascale Breugnot (Ego Productions) sur le plateau de " Psy show ". Dans le premier numéro de ce talk-show d'Antenne 2, un pompiste (!) évoquait ses problèmes sexuels. Ce magazine de confessions intimes fut très critiqué à l'époque pour son voyeurisme. Il ouvrit toutefois la voie à " L'amour en danger " lancé par la même productrice et à d'autres magazines fondés sur des témoignages personnels souvent éclairés par l'avis d'un psy ; ceux de Mireille Dumas (" Bas les masques ", France 2, puis " Vie privée, vie publique ", France 3) et ceux de Jean-Luc Delarue (" Ça se discute " et " Jour après jour " France 2).

Cette tendance télévisée témoignant d'un " passage du singulier au collectif ", révélateur d'une mutation profonde des sociétés occidentales, a été analysée en 2005 par la sociologue Dominique Mehl dans La Bonne Parole (éd. La Martinière).

Dans la lignée de la littérature de développement personnel chère aux pays anglo-saxons, le petit écran accorde une large place aux experts de la psyché sollicités sur tout : relations conjugales et familiales, problèmes de vie quotidienne ou de réussite sociale, adolescence difficile, etc.

Toujours une parole bienfaisante, une formule qui galvanise, un conseil de bon sens. Quelques psys cathodiques excellent dans l'exercice et constituent un vivier d'invités réguliers des talk-shows, magazines, docu-réalités. Serge Hefez, Serge Tisseron, Stéphane Clerget, Marcel Rufo ou encore Alain Meunier sont devenus des visages familiers pour les téléspectateurs. En 2004, le psychiatre et thérapeute familial, coauteur des collections documentaires pour France 5, " Accro " (2000) et " Psyché " (2001) intervenait dans le magazine " Psychologie, un moment pour soi " (France 5) en 2004. La même année, il commentait divers cas de relations conflictuelles dans la série " Affaires de famille " sur M6. De son côté, le pédopsychiatre Stéphane Clerget dressait des diagnostics express et esquissait des pistes de changement dans " Quelle famille ! ", proposé en 2005-2006 par M6, tandis que sur la même chaîne, Alain Meunier, fondateur d'Urgences psychiatrie, intervenait dans les foyers en crise avec " Il faut que ça change ! ".

Le directeur passionné de la Maison des adolescents de l'hôpital Cochin à Paris, Marcel Rufo, est aussi l'un des chouchous des médias, dont les livres, comme ceux de Christophe André, cartonnent en librairie. A la radio, ce célèbre pédopsychiatre, auteur d'Œdipe toi-même (éd. Anne Carrière, 2000) et Frères et soeurs, une maladie d'amour, aborde les questions concernant les adolescents et les jeunes adultes dans " Générations Europe 1 ". A la télévision, son travail a fait l'objet de plusieurs reportages et documentaires, dont Quand les ados changent les règles, sur France 5 en 2005
____________________________________________________________________________

   «Aujourd’hui, on veut des bébés à tout prix » 

René Frydman 
L'Express numéro 2903 

L'Express souhaite un « joyeux anniversaire » à Amandine, le « premier bébé-éprouvette français [qui] fête ses 25 ans le 24 février ». 
Le magazine publie pour l’occasion un entretien avec le « père médical » de la jeune femme, le Pr René Frydman, chef du service de gynécologie-obstétrique de l’hôpital Antoine-Béclère à Clamart (Hauts-de-Seine). 
Le praticien relève notamment que « les mentalités ont beaucoup évolué » en France, ou encore note que « le don d’ovocytes pose problème, parce qu’on ne trouve pas de donneuses. […] Personnellement, je pense que la règle de l’anonymat et de la gratuité trouve un peu ses limites ». 
René Frydman déclare par ailleurs : « Nous avons connu depuis 50 ans une formidable accélération du progrès technique, en même temps qu’un bouleversement des mœurs et des modes de vie. Tout cela a créé une survalorisation de l’individu, en particulier de l’enfant, auquel on voue un véritable culte ». 
« La stérilité apparaît aujourd’hui comme insupportable. Ce n’est plus «un quand je veux», c’est «un bébé à tout prix» », poursuit le spécialiste. 
Le Pr Frydman relève que « la grande question est de savoir s’il faut imposer des règles pour tenir compte des autres, ou bien favoriser les désirs de l’individu, en particulier de celui qui a les moyens de les énoncer et de les satisfaire ». 
Le praticien déclare en outre avoir « accepté le principe d’être médiatisé pour ne pas laisser s’installer les incompréhensions ou la désinformation sur ces questions que les journaux ne cessent de monter en épingle ». 
____________________________________________________________________________

   «La  péridurale gêne l'allaitement  » 

Le Point numéro 1790 

Le Point indique dans un court article que selon une étude australienne portant sur 1 280 femmes de plus de 16 ans devenues mères d'un enfant unique, « les femmes ayant bénéficié d'une péridurale pour accoucher - voire d'une anesthésie générale en cas de césarienne - ont plus de difficulté à allaiter leur bébé ». 
Le magazine note que « certes, la grande majorité de ces Australiennes ont allaité leur bébé soit complètement, soit partiellement pendant la première semaine du post-partum ». 
« Mais les mères qui ont reçu des médicaments anesthésiques ont eu deux fois plus de mal à nourrir leur enfant et l'ont fait bien moins longtemps », précise Le Point. 
L’hebdomadaire remarque que « pour les auteurs, les produits injectés lors de l'accouchement passent chez le nouveau-né, à travers le placenta. Or si l'enfant est engourdi, il prend moins facilement le sein qu'un biberon ». 
« Et même si l'effet anesthésique est éphémère, les - mauvaises - habitudes, elles, s'installent durablement », ajoute le magazine. 
____________________________________________________________________________

   «Une hormone « anesthésie le fœtus » 
pour qu’il « endure plus facilement les traumatismes de la naissance  » 


Libération, Le Figaro, La Croix, Sciences et Avenir numéro 718

Libération indique que selon des travaux dirigés pour l'Inserm par Yehezkel Ben-Ari à l'Institut de neurobiologie de la Méditerranée (Marseille), publiés dans Science, « au moment de l'accouchement, le cerveau de l'enfant serait protégé par une hormone maternelle ». 
Le journal explique que « l'ocytocine, sécrétée par la mère, et déjà responsable des contractions, aurait un effet anesthésiant sur les neurones du foetus, lui permettant d'endurer plus facilement les traumatismes de la naissance comme le manque d'oxygène ». 
Libération note que pour le chercheur, « une telle découverte a des implications sur la prévention des accouchements prématurés ». 
Le quotidien rappelle en effet que « quand la phase de travail se déclare trop tôt, les médecins prescrivent à la femme une molécule, l'atosiban, qui bloque l'effet de l'ocytocine, et donc les contractions. […] Or, on sait que les dommages qui peuvent survenir au moment de la naissance sont susceptibles d'affecter le développement du cerveau du nourrisson ». 
Libération relève que Dominique Cabrol, chef de service à la maternité de Port-Royal (Paris), « accueille ces travaux avec intérêt. […] «Cela dit, explique le clinicien, ce type de médicament a une très faible durée d'action» ». 
Le journal note que « Yehezkel Ben-Ari l'admet, mais rappelle que le cerveau du foetus «n'est pas un cerveau adulte en miniature : sa biologie est différente, comme sa réaction aux médicaments» ». 
« Le chercheur invite donc à ne prescrire que des médicaments qui ont un impact sur le seul utérus », conclut le quotidien. 
Le Figaro s’intéresse également à ces travaux réalisés chez la souris. 
Le journal note lui aussi que « de tels résultats soulèvent de nombreuses questions sur la prise en charge des naissances prématurées ». 
Le quotidien cite le Pr Ben-Ari, pour qui « il serait souhaitable de développer d’autres médicaments [à administrer à la mère] ». 
« Comme par exemple ceux qui bloquent les récepteurs utérins mais pas au niveau des récepteurs neuronaux de l’enfant à naître », précise le chercheur. 
La Croix remarque aussi que des chercheurs de l’Inserm, en collaboration avec des généticiens de l’université de Hambourg (Allemagne), « ont découvert que la mère informe et prépare le foetus au choc que constitue pour lui l’accouchement ». 
Le journal retient que pour empêcher un accouchement prématuré, « il serait souhaitable de développer des médicaments très sélectifs, capables de bloquer les récepteurs de l’ocytocine au niveau de l’utérus, mais pas dans le cerveau du foetus ». 
Sciences et Avenir publie pour sa part un entretien avec Yehezkel Ben-Ari. 
Le chercheur rappelle que « le cerveau du fœtus n’est pas un petit cerveau adulte », ou encore note que la recherche « devient monovalente, dogmatique, consensuelle. […] Il faut reconnaître, et pas seulement par des mots creux, l’importance de la recherche fondamentale ».
____________________________________________________________________________

   «La musique modifie le fonctionnement cérébral dès l’âge de 4 ans » 

« La musique donne une âme à nos coeurs et des ailes à la pensée » disait Platon mais il semblerait que la pratique de cette activité puisse avoir un effet bénéfique sur d’autres capacités cognitives. Des auteurs canadiens se sont ainsi intéressé à l’effet d’un entraînement musical (Suzuki musical training) pendant un an chez des enfants âgés de 4 à 6 ans. Pour étudier les modifications de la plasticité cérébrale induite par la musique, les auteurs ont mesuré l’activité électrique (potentiels évoqués auditifs) induite par l’écoute d’un son (violon ou bruit). Cette activité électrique cérébrale a induit des modifications du champ magnétique focal cérébral qui ont pu être mesurées par magnétoencéphalographie, technique nécessitant un appareillage disponible dans de rare centres. Quatre potentiels évoqués magnétiques ont été identifiés et mesurés lors des 4 évaluations effectuées pendant l’année du suivi.
Sous l’effet de l’entraînement musical, il a été observé des modifications des latences de 3 de ces 4 potentiels surtout au niveau de l’hémisphère G après écoute d’une note de violon. Chez ces enfants ont été réalisés quelques tests cognitifs (empan digital et empan musical). Après un an d’entraînement, il a été observé une augmentation de l’empan numérique qui est généralement considéré comme un témoin de la mémoire de travail.
Il avait déjà été rapporté qu’il existait des modifications de certains potentiels évoqués chez les enfants pianistes mais le travail présenté par l’équipe canadienne démontre pour la première fois l’impact cérébral de l’apprentissage musical par des techniques neurophysiologiques. Ce résultat publié dans Brain témoigne de l’intérêt de ces nouvelles méthodes neurophysiologiques dans l’exploration du fonctionnement cérébral. Peut être que dans quelques décennies, nos descendants échapperont aux terribles auditions musicales et se soumettront à la magnétoencéphalographie pour contrôler leur progrès dans leur apprentissage…mais faut-il le souhaiter ?
____________________________________________________________________________

   «L'illusoire repérage des délinquants dès la crèche» 
 Libération 

Eric Favereau rend compte dans Libération d’un colloque de l’Inserm qui a eu lieu hier à Paris, consacré aux « troubles de conduite, de la pratique à la recherche ». 
Le journaliste explique sur une page que cette réunion de « plusieurs centaines de chercheurs, de médecins, de pédopsychiatres, débattant tous avec force et colère, […] faisait suite à l'une des polémiques les plus violentes qu'a connues le prestigieux institut, après la publication à son initiative d'une expertise collective sur «le trouble des conduites chez l'enfant» ». 
Eric Favereau parle ainsi d’une « autocritique de l’Inserm », rappelant que cette expertise « préconisait «le repérage des perturbations du comportement dès la crèche et l'école maternelle» ». 
« Les chercheurs présentaient comme pathologiques «des colères et des actes de désobéissance», et les présentaient comme «prédictifs» d'une délinquance », poursuit le journaliste. 
Eric Favereau note que « ce fut un tir groupé contre cette expertise », puis indique qu’« en clôture de ce colloque, Jean-Marie Danion, directeur de recherche à l'Inserm, a annoncé une réforme de ce type d'expertise ». 
Jean-Marie Danion a ainsi déclaré : « En amont de nos prochains travaux, nous allons travailler avec des groupes plus larges, en associant les sciences humaines mais aussi les associations de malades ou de familles. Ensuite, lorsque le rapport sera achevé, on le fera débattre dans plusieurs cercles, avant de le publier avec les critiques ». 
« L'Inserm se mettrait-il à l'heure citoyenne ? », s’interroge Eric Favereau. 
___________________________________________________________________________

   «Le risque d’autisme bientôt dépisté dès le début de la vie  » 
 La Croix, L'Express numéro 2896

Marianne Gomez se penche dans La Croix sur les travaux de l’association Prévention autisme (Preaut), commencés en 2005, qui ont pour but de « mettre au point un test fiable et simple qui permettrait de repérer le risque d’autisme dès le plus jeune âge ». 
La journaliste rappelle que l’association « regroupe des psychanalystes et des médecins », et note que cette recherche « concerne 30 000 enfants et de 600 à 800 médecins dans 12 départements ». 
Marianne Gomez relève que l’association « a identifié 2 signes qui peuvent témoigner très précocement d’une perturbation de la relation : l’absence de regard et l’absence d’élan vers l’autre dans les échanges relationnels ». 
La journaliste indique que « ces signes peuvent être mis en évidence dès le quatrième mois ». 
« Reste à vérifier qu’ils sont suffisamment fiables pour figurer parmi les examens pédiatriques », poursuit Marianne Gomez, qui précise que « la recherche est prévue pour durer encore 4 ans ». 
L'Express revient pour sa part sur la confirmation de l’origine génétique de l’autisme, par l’équipe de Thomas Bourgeron, de l’Institut Pasteur. 
Le magazine explique qu’une jeune généticienne, Christelle Durand, « est à l’origine de cette découverte majeure ». 
L'Express note ainsi que cette thésarde à l’Institut Pasteur « a isolé l’anomalie génétique responsable de certaines formes d’autisme ». 
L’hebdomadaire rappelle pour l’occasion que « la vie de thésard a tout du sacerdoce » en France, la généticienne, « après 3 années royalement financées par l’Etat à hauteur de 1 100 euros mensuels, ayant dû décrocher une bourse de la Fondation France Télécom pour continuer ses recherches ». 
___________________________________________________________________________

   «Se soigner par la parole du groupe» 
 La Croix 

La Croix constate sur 2 pages et demie qu’« il existe aujourd’hui de nombreuses instances pour des malades qui éprouvent le besoin de partager leur vécu [par la parole] ». 
« Une expérience utile, à condition de savoir en sortir », note le journal. 
Le quotidien publie un reportage réalisé au sein du « «groupe de parole» organisé depuis 2 ans à l’Institut Gustave-Roussy de Villejuif ». 
La Croix indique qu’« une fois par semaine, une petite dizaine de patientes se réunissent avec un psychiatre pour parler d’elles et de la maladie », le cancer du sein. 
Le journal relève que « ces groupes de parole fonctionnent principalement sur le registre de l’identification du malade à ses pairs. Avec cette idée qu’un patient, confronté à une addiction ou à une maladie grave, ne peut être compris que par des personnes ayant vécu la même trajectoire ». 
La Croix note que « du côté des médecins, beaucoup reconnaissent l’efficacité de cette identification à des pairs ». 
Mais « s’ils permettent de libérer la parole, ces groupes comportent toutefois un risque : celui de finir par tourner un peu en rond en entretenant les patients dans leur douleur, leur souffrance, sans leur donner les clés pour en sortir », poursuit le quotidien. 
La Croix relève en outre que « certains médecins s’interrogent sur le développement, parfois un peu incontrôlé, [de ces groupes de parole] au cours des dernières années ». 

___________________________________________________________________________

   «La lutte contre les addictions devient priorité de santé publique » 
 Les Echos, Libération, Le Figaro, La Croix, L’Humanité 

Les Echos notent à leur tour que « les addictions sont reconnues comme de véritables maladies », indiquant que « Xavier Bertrand a présenté hier un programme d’action représentant 385 millions d’euros sur 5 ans ». 
Le journal explique qu’« il s’agit de mieux prévenir et prendre en charge les conduites addictives ». 
Le quotidien cite le ministre, qui a déclaré que « c’est à l’Etat de poser les bases d’un système qui permette à chaque personne concernée de prendre conscience qu’elle présente une addiction et qu’elle peut trouver de l’aide et un accompagnement adapté ». 
Les Echos relèvent notamment qu’« en matière de prise en charge, 120 services d’addictologie proposant des solutions de sevrage devront être créés d’ici à 2011. Autre nouveauté : la mise en œuvre de consultations d’addictologie, regroupant au sein d’un même lieu les consultations de tabacologie, d’alcoologie, de toxicomanie ». 
Le journal conclut néanmoins que « le gouvernement n’a pas retenu une proposition de la mission «addictions» (mise en place pour préparer ce plan), qui consistait à reconnaître les addictions comme une affection de longue durée, ce qui, il est vrai, se serait révélé très coûteux ». 
Le Figaro consacre également un article à ce « plan ambitieux de lutte contre les addictions ». 
Le quotidien note que « les associations, les hospitalo-universitaires, le monde médico-social, mais aussi Didier Jayle (président de la Mission interministérielle de lutte contre la toxicomanie et les addictions), ont salué la décision prise d’aller vite, de «soigner plus et mieux» ». 
Le Figaro aborde, entre autres, une « mesure réclamée de longue date », à savoir la « création de médecins relais », qui « feront le lien entre l’autorité judiciaire et les soignants pour la mise en oeuvre de l’injonction thérapeutique ». La Croix rappelle de son côté que « la consommation d’alcool, de tabac et de psychotropes est à l’origine du décès d’un tiers des moins de 65 ans ». 
Et Libération livre un entretien avec Michel Reynaud, psychiatre à l'hôpital Paul-Brousse (Villejuif), qui se penche sur « la difficulté de concevoir des messages de prévention ». 
Le spécialiste des addictions déclare notamment : « L'être humain a droit à la folie et à l'ivresse, mais jusqu'où le laisser prendre des risques ? ». 
___________________________________________________________________________

   «Une enquête confirme la cause de la dyslexie » 
 La Croix 

C’est ce qu’indique La Croix, qui rend compte sur une page d’une « enquête menée à Paris sur un millier d’écoliers ». 
Le journal explique que cette enquête épidémiologique, la « première du genre (qui croise les approches médicales et sociales), a été menée par le Centre de référence sur les troubles de l’apprentissage du Kremlin-Bicêtre (Val-de-Marne), des laboratoires du CNRS, de l’Inserm, en collaboration avec l’Inspection d’académie et le service de santé scolaire de la ville ». 
La Croix note que l’étude « désigne les faibles compétences phonologiques comme principal facteur des troubles de la lecture : les enfants mauvais lecteurs n’ont pas ou ont mal acquis les règles de bases du «décodage», qui permettent de faire le lien entre un son et une syllabe ». 
Le quotidien précise notamment que « les antécédents «périnataux» ou de «prématurité» sont rares chez les enfants en difficulté. Sur un même terrain médical, on remarque que les «troubles de vision» sont même moins fréquents chez les faibles lecteurs que chez les «normo-lecteurs» ». 
« Certains enfants en difficulté ont, en revanche, un trouble modéré de l’audition. Mais, note l’étude, ces élèves ne manifestent pas de trouble important du langage oral, et leurs compétences phonologiques sont similaires à ceux de leurs camarades », poursuit La Croix. 
Le journal note que « l’enquête relève une bizarrerie dans la prise en charge des enfants : «Les élèves les plus en difficulté semblent relativement rarement rééduqués en orthophonie» ». 
« Il serait ainsi intéressant de vérifier si la progression considérable du recours aux orthophonistes, ces dernières années, a profité à ceux qui en ont le plus besoin », relève le quotidien. 
La Croix indique enfin que « l’enquête apporte de premiers résultats prometteurs pour l’avancée du débat actuel sur les apprentissages », ce qui « pourrait prouver qu’il reste de grandes marges de progression pour la prise en charge des élèves mauvais lecteurs ». 
___________________________________________________________________________

   «Les liens familiaux face aux nouvelles formes de procréation  » 
 Paru dans la Revue Autrement

Il y a encore vingt ans, un enfant éloigné de l’un de ses parents risquait bien de passer, en France, pour la victime d’un divorce, voire d’une infidélité conjugale. Il n’est aujourd’hui qu’un cas parmi d’autres de ce qu’on a pris l’habitude d’appeller les « recompositions familiales ». A vrai dire, le mot de « patchwork » conviendrait mieux tant ces situations ont peu à voir avec les règles traditionnelles qui régissaient les familles. Les bouleversements actuels ne concernent en effet plus seulement la traditionnelle « stabilité de la cellule familiale ». Ce bouleversement là a déjà eu lieu et il est entré dans les moeurs, de nombreux adultes ayant d’ors et déjà grandi avec un seul de leurs parents au milieu de demi-frères et de demi-soeurs. Aujourd’hui, les « liens » à maintenir ne concernent plus seulement ceux qui existent entre l'enfant reconnu par son parent géniteur et élevé par lui avant d'en être séparé, mais aussi des formes totalement nouvelles de relations conditionnées par l’évolution conjuguée des moeurs et de la médecine. L’ignorer conduirait rapidement à des problèmes humains dramatiques et insolubles

1) Mère et père : du rôle à la fonction

Dans les années 70, certains se risquaient encore parfois à évoquer les « rôles » du père et de la mère. Ce mot désignait à la fois les fonctions privilégiées de chacun des deux parents dans la division des tâches familiales et la fonction psychologique censée leur correspondre. En pratique, la femme à la maison et le père au travail étaient censés assurer un monde à deux pôles, « maternant » d'un côté et « paternant » de l'autre. Cet usage du mot "rôle" rendait en fait compte de la difficulté qu'il y avait à penser les diverses fonctions maternelles et paternelles séparément du personnage emblématique censé les incarner. 

Suite de l'article
___________________________________________________________________________

   «Cancer : « Il faut aussi soigner le mental » 

C’est ce que remarque Le Parisien sur une page. 
Le journal indique que « c’est la thèse du psychothérapeute belge Thierry Janssen qui publie aujourd’hui «Vivre le cancer du sein autrement» [éditons Robert Laffont] à l’occasion du mois de sensibilisation à la lutte contre le cancer du sein ». 

Le Parisien explique que « selon cet ancien chirurgien, si l’on n’a pas de preuves formelles du lien entre stress et cancer, […] on ne peut écarter l’importance de la prise en charge du mental dans la lutte contre la maladie ». 

Le quotidien note toutefois que « du côté des scientifiques, la prudence est de mise ». 
Le Parisien cite un « éminent cancérologue parisien qui préfère garder l’anonymat », qui remarque que « le tabac fait plus de morts que le stress ». 

Néanmoins, « aujourd’hui, on peut vivre 15 ans avec la maladie comme une épée de Damoclès. C’est là que la tête en prend un coup. On ne peut plus écarter l’aspect psychologique dans la lutte contre le cancer », poursuit le spécialiste. 

Le journal relève ainsi que « des voix commencent à s’élever pour réclamer haut et fort un meilleur accompagnement psychique des malades », car « dans ce domaine, la France a un train de retard ». 
 ____________________________________________________________________________

   «Chirurgie esthétique : les risques psychologiques »  
 
 Par Martine Perez    PSY EN MOUVEMENT n° 28092006

Selon une étude canadienne, le taux de suicide chez les femmes ayant une prothèse mammaire est plus élevé que dans la population générale. 

Au cours des vingt dernières années, l'éventuel risque de maladies immunitaires ou de cancer chez les femmes ayant eu recours à une prothèse mammaire a suscité de nombreuses inquiétudes. Pour vérifier l'innocuité de cette intervention, l'équipe d'épidémiologistes de l'université de Laval au Québec, dirigée par Jacques Brisson, et ceux de l'Agence de santé publique de l'Ontario ont lancé une vaste enquête pendant quinze ans. Leurs conclusions publiées en août 2006 dans l'American Journal of Epidemiology sont étonnantes : elles révèlent que le fait d'avoir des implants mammaires n'augmente pas le taux de mortalité globale, mais majore le taux de décès par suicides de 73%. 

L'explication est que les femmes ayant recours à ce type de chirurgie présenteraient plus souvent une fragilité accrue. Certaines sans doute tireraient plus bénéfice d'un soutien psychologique que d'une intervention plastique. Pour mettre fin à la polémique sur les dangers des prothèses de sein, les chercheurs canadiens se sont donc penchés pendant quinze ans sur le devenir de 24 600 femmes ayant bénéficié d'une prothèse mammaire entre 1974 et 1979 au Québec et dans l'Ontario. Au cours de cette période, 480 décès ont été observés dans ce groupe. Les chercheurs ont ensuite comparé les causes de mortalité chez les femmes ayant eu une prothèse mammaire avec celles d'un groupe témoin de la population générale de même âge. 

Faible estime personnelle Les résultats révèlent qu'il n'y a pas d'augmentation de la mortalité pour celles avec implants mammaires. Le taux de mortalité serait même inférieur de 26% pour les femmes opérées. Les décès par cancer – notamment du sein –, et par maladies cardio-vasculaires expliqueraient cette différence. Il ne faut pas y voir un effet protecteur des implants, mais plutôt un biais de sélection. Il faut en effet être en bonne santé pour bénéficier d'une chirurgie mammaire. Et celles qui s'y prêtent ont en général un niveau socio-économique plutôt élevé. «Ces deux facteurs expliquent pourquoi les femmes qui reçoivent des implants mammaires ont en général une meilleure santé que la moyenne de la population», souligne le docteur Brisson. 

En revanche, ce travail dévoile un taux de décès par suicide supérieur de 73% chez les femmes opérées. Cette augmentation est significative, même si elle n'est pas majeure. Ce n'est pas l'intervention qui est en cause, mais les caractéristiques psychologiques de celles sollicitant des implants mammaires. La même équipe d'épidémiologistes s'est également penchée sur les causes de décès de 16 000 femmes ayant bénéficié d'une intervention en chirurgie esthétique autre que des implants et a retrouvé également un taux de mortalité inférieur de 32% à la population générale, mais un taux de suicides accru de 55%. 

D'autres études de moindre envergure, l'une en Suède en 2001, l'autre en Finlande en 2004, ont abouti à des résultats similaires et conclu que les femmes bénéficiant d'implants mammaires avaient plus souvent un profil psychologique caractérisé par un manque de confiance en soi et une faible estime personnelle. «Une bonne pratique médicale devrait inciter les chirurgiens à porter attention aux raisons pour lesquelles leurs patientes veulent recourir à la chirurgie esthétique, ajoute le docteur Brisson. Si leurs motivations reflètent des problèmes que ne peut résoudre la chirurgie plastique, les médecins devraient référer ces patientes à des personnes qui peuvent les aider sur le plan psychologique.» Le docteur Vladimir Mitz (chirurgien reconstructeur et plasticien, hôpital Pompidou, Paris) s'est livré il y a quelque temps à une petite enquête : «J'ai interrogé une centaine de patientes ayant eu des implants mammaires et une majorité m'a déclaré que l'intervention leur avait donné une certaine assurance, dans leur travail et leur vie personnelle. Ceci dit, des travaux ont déjà montré que les personnes ayant recours à la chirurgie esthétique avaient plus souvent une fragilité psychique ou un hypernarcissisme.» 

Le recours aux prothèses mammaires serait de plus en plus important, en France notamment. «Cette étude est intéressante, même si elle pose la question du biais de recrutement. Nous savons que, réalisée dans des conditions optimales, l'intervention pour implants mammaires peut rendre des services importants, ajoute le docteur Gérard Flageul (chirurgien plasticien, Paris). Mais, avant toute intervention, il faut bien prendre le temps de connaître la patiente, de comprendre ses motivations, de l'examiner, de lui parler...». 
 ____________________________________________________________________________

   «Des émotions en voie de médicalisation  »  

Les Echos notent dans un article que « les pleurs et la tristesse peuvent devenir des agents pathogènes puissants ». Le quotidien relaie ainsi les travaux de ces chercheurs qui « étudient les troubles psychosomatiques sous l’œil de nos humeurs », relevant que « le nombre de publications scientifiques sur le sujet ne cesse d’augmenter ». 

Les Echos expliquent que « de toutes nos humeurs négatives, c’est la tristesse qui suscite le plus d’intérêt de la part des psychiatres et neurobiologistes ». Le journal cite notamment Silla Consoli, chef du service de psychologie clinique à l’hôpital Georges-Pompidou de Paris, qui indique que pour les pathologies cardio-vasculaires, « même si elle est modérée, la présence d’une humeur dépressive est un facteur de mauvais pronostic qui aggrave le risque de mortalité dans les mois qui suivent ». 

Les Echos ajoutent que « les mêmes résultats concerneraient certaines formes de cancer, le diabète et la prédestination à certaines pathologies graves comme l’insuffisance coronaire ». 
Le quotidien relève également que « les chercheurs ont aussi observé des dérégulations des défenses immunitaires chez des sujets dépressifs avec une exagération consécutive des réactions inflammatoires ». 
 ____________________________________________________________________________

   «Le futur de la procréation assistée  »  

René Frydman dans Le Monde 

Le Monde livre un entretien avec le « père du premier bébé-éprouvette français », René Frydman, qui « évoque le futur de la procréation assistée ». 
Le spécialiste déclare notamment qu’à l’avenir, « une des perspectives les plus fascinantes concerne les cellules souches qui se différencient pour reproduire toutes les cellules et tissus de l'organisme ». 
« Aujourd'hui, avec une dizaine d'embryons humains conçus in vitro, nous obtenons une lignée stable et immortelle de cellules souches. Imaginons que nous sachions les faire se transformer in vitro en gamètes, c'est-à-dire soit en ovocytes, soit en spermatozoïdes. Ce serait un véritable bouleversement : pour un individu, le nombre potentiel de descendants conçus in vitro n'aurait plus de limite », remarque René Frydman. 

Le spécialiste précise qu’« il ne s'agirait pas de créer une personne génétiquement identique, mais d'obtenir une forme d'immortalisation de la fertilité. Celle-ci soulèverait bien évidemment une série de problèmes de nature éthique ». 

René Frydman aborde en outre le projet de créer un utérus artificiel, déclarant : « Il me semble que le fait de porter un enfant au sein d'un utérus naturel restera, dans l'avenir tel que nous pouvons l'appréhender, la seule et unique manière d'assurer notre descendance ». 
 ____________________________________________________________________________

   «Comment choisir une thérapie ?  »  

Par Patrick Traube : Source Psy en mouvement http://www.psy-en-mouvement.com/intra/demo.php

Qu'est-ce que la psychothérapie ? En quoi se différentie-t-elle de la psychanalyse ? Comment fonctionne-t-elle ? Comment agit-elle ? Que peut-on en espérer ? Sous quelle forme se présente-elle ? Qui est le psychothérapeute ? Qui est le psychanalyste ? ... C'est à ces questions que nous allons tenter de répondre dans cette présentation générale, laissant aux spécialistes de chaque méthode thérapeutique le soin d'expliquer la sienne. 

La psychothérapie, remède aux blessures d'âmes 

Tous et toutes aspirons au bonheur et tentons d'échapper à la souffrance, celle du coeur comme celle du corps. Les psychothérapies sont ces méthodes de traitement psychologique qui, contrairement à la psychiatrie, prétendent soigner nos souffrances psychiques sans utiliser le moindre médicament, la moindre substance chimique. 

Comment définir en quelques mots une psychothérapie ou une psychanalyse ? 

Essentiellement, comme ... UNE RELATION, mais une relation d'un genre particulier, une relation qui se noue entre deux personnes : un "patient" ou un "analysant" qui vient avec une demande d'écoute, une demande d'aide, une demande de changement et un(e) "thérapeute"/"analyste" supposé(e) capa- ble d'entendre cette demande et d'y répondre. Qu'est-ce qu'un "patient" ? Qu'est-ce qu'un "analyste" ou un "thérapeute"   ? 

1. Le "patient" : un être en souffrance 

Pour le médecin, un "patient" est un malade. Pour le psychothérapeute, pas du tout. Le "patient" est un individu-en-souffrance qui, au lieu de se mettre la tête dans le sable, au lieu de continuer à être le jouet passif de son destin, décide d'en prendre les rennes à pleines mains. Le patient n'est donc pas un être faible en quête de béquilles. C'est un individu qui (non sans courage !) cherche à échapper à ses "démons intérieurs" et, pour y parvenir, prend rendez-vous avec lui-même. Il vit un mal-être mais sait qu'il pourrait en être autrement. Le premier rendez-vous chez le "psy" est donc une démarche qui ne va pas de soi puisqu'elle requiert trois conditions : 
- une souffrance vécue et reconnue 
- la conviction qu'il est possible de vivre mieux 
- la décision de se faire aider pour y arriver 

lire la suite 
 
____________________________________________________________________________

   «La science rejoint Freud  »  

Les progrès des neurosciences, et notamment de l'imagerie médicale, ne remettent pas en question les concepts freudiens. La psychanalyse trouvera-t-elle sa légitimité conceptuelle grâce au scanner 
Source Journal le Point et http://www.psy-en-mouvement.com/intra/demo.php

Peut-on vérifier scientifiquement l'existence de l'inconscient ? Pourra-t-on enfin prouver que le ça, le moi ne sont pas seulement des concepts ? Sigmund Freud, dès le départ, en était convaincu : il était possible de faire le lien entre le cerveau et la pensée. Pour être un intellectuel prompt à se prendre pour Platon, l'inventeur de la psychanalyse n'en était pas moins d'abord et surtout un médecin, suffisamment intéressé par la neurobiologie pour avoir initialement pensé en faire son métier. Et avoir commencé son étude du cerveau par l'examen des lobes du lézard et de l'anguille. En mai 1885, alors qu'il est passé au cerveau humain, il écrit à sa fiancée, Martha Bernays : « Ma précieuse chérie, [...] j'ai très envie en ce moment de résoudre l'énigme de la structure du cerveau. Je pense que l'anatomie du cerveau est la seule vraie rivale que tu aies et que tu auras jamais... » Mais la recherche ne fait pas vivre son homme (déjà) et, désireux de se marier rapidement, Sigmund se tourne vers la médecine générale afin d'ouvrir un cabinet. Il poursuit toutefois en parallèle ses réflexions sur la constitution du cerveau et, en 1895, dans son « Projet de psychologie scientifique », il expose sa conception de l'organisation mentale du cerveau, explique que le neurone en est un élément qui peut être stimulé et décrit même ceux qui, selon lui, sont responsables de la conscience et de la mémoire. 


lire la suite 

 ____________________________________________________________________________

   « Freud, un anniversaire marqué par la polémique »  par Martine Perez

06 mai 2006, (Rubrique Sciences & Médecine) Cent cinquante ans après la naissance du médecin autrichien, l’analyse s’inscrit largement dans la vie culturelle, mais partage le champ de la souffrance mentale avec d’autres disciplines. 

SIGMUND Schlomo Freud, fils du marchand de laine Jacob Freud et d’Amalia son épouse, est né le six mai 1856 en Moravie. Cent cinquante ans après sa naissance, les théories du maître de la psychanalyse enflamment toujours le monde intellectuel et médical, tout particulièrement en France. Le génie de Freud a été de conceptualiser le psychisme humain autour de l’inconscient, ce monde difficilement explorable, sauf à aller, selon lui, analyser avec acuité les rêves, les lapsus, les névroses, les mots d’esprit... Pour Freud, la psychanalyse vise à résoudre les troubles psychiques, en débusquant les conflits et les frustrations tapis dans l’inconscient. La psychanalyse comme cure 
thérapeutique, a connu des hauts et des bas, au cours du XXe siècle dans le monde occidental, même si l’oeuvre de Freud a toujours été défendue par des élèves brillants prêts à en découdre pour imposer sa théorie, la faire évoluer, l’adapter, la développer, l’appliquer. Il a aussi toujours eu des détracteurs, contestant sa méthode, estimant qu’il était trop facile de spéculer à l’infini sur ce qui se trame dans cet inconscient inaccessible. 

En France, la polémique autour de la psychanalyse gronde tout particulièrement depuis février 2004, date à laquelle a été publié un rapport de l’Inserm évaluant l’efficacité des différentes psychothérapies et faisant la part belle aux thérapies cognitivo-comportementales ( TTC), plutôt qu’aux cures analytiques. Les tenants de ces TTC ont pour eux d’avoir publié un nombre important d’articles scientifiques pour évaluer leurs pratiques. Alors que les psychanalystes estiment que l’Evidence Based Medicine (la médecine basée sur les preuves) n’est pas adaptée à l’objet étudié. La guerre entre les plus sectaires des psychanalystes et les plus sectaires des comportementalistes flambe alors par le biais d’articles, de débats et d’opinions publiés dans la presse spécialisée et grand public. La charge est relancée en septembre 2005 avec la publication d’un livre noir de la psychanalyse, véritable brûlot contre les partisans de Freud. 

Aujourd’hui, l’abord thérapeutique de la santé mentale s’est considérablement étendu, avec des approches médicamenteuses, biologiques, comportementales, et plus seulement analytiques. Les concepts freudiens ont cependant imprimé une marque indélébile en psychiatrie – même chez les opposants à la psychanalyse – en donnant du sens aux symptômes, en caractérisant la relation thérapeutique, en mettant de l’humain dans le soin. Tout un courant en neurosciences en France, 
mais aussi aux États-Unis, travaille à donner un substrat biologique aux théories freudiennes et notamment à l’inconscient. 

La psychanalyse s’inscrit aussi dans la vie culturelle au sens le plus large possible, représente une approche de la connaissance de soi, inspire de nombreuses techniques en psychothérapie, mais doit désormais partager le champ de la prise en charge de la souffrance mentale, avec d’autres disciplines. 
Cent cinquante ans après la naissance du médecin autrichien, l’analyse s’inscrit largement dans la vie culturelle, mais partage le champ de la souffrance mentale avec d’autres disciplines. 
____________________________________________________________________________
   «Les effets secondaires de la Ritaline® en débat aux Etats-Unis  »  
 
Le Figaro 
C’est ce que note Martine Perez dans Le Figaro. 
La journaliste rappelle que « le 9 février dernier, un comité de sécurité sanitaire de la FDA avait demandé que la Ritaline ® et les produits de la même famille, destinés à la prise en charge des enfants dits «hyperactifs», bénéficient d'un «label noir» pour mettre en garde fortement contre ses effets secondaires ». 
Martine Perez remarque que « mercredi, un second groupe d'experts prônait une position moins forte en proposant seulement des recommandations d'usage en langage clair sur la notice d'utilisation. La FDA devrait suivre ce dernier avis ». 
La journaliste précise ainsi que ce groupe d’experts « s'est penché sur les effets mentaux de cette famille de médicaments, qui pourrait provoquer chez 2 à 5 % des enfants des hallucinations, réversibles à l'arrêt du traitement ». 
Martine Perez note cependant que dans un article publié le 20 mars sur le site du New England Journal of Medicine, Steven E. Nissen, professeur de cardiologie à Cleveland, rappelle que « ces médicaments dérivent des amphétamines, une classe pharmacologique connue pour ses effets sympathomimétiques sur le cœur ». 
La journaliste relève que « près de 10 % des enfants américains de 10 ans sont traités par ce médicament », et indique qu’« un million d'adultes américains utiliseraient cette molécule pour ses effets psychostimulants ». 
____________________________________________________________________________
   «Une pilule qui efface les mauvais souvenirs »  
 
Courrier International numéro 800 
Courrier International publie des extraits d’un article de The Guardian sur une « pilule qui efface les mauvais souvenirs ». 
Le quotidien britannique explique en effet que Roger Pitman, psychiatre de l’université Harvard, « pense pouvoir guérir des personnes atteintes de SSPT [syndrome de stress posttraumatique] des années après l’événement déclencheur ». 
The Guardian cite le spécialiste, qui explique : « Nous pensons que le SSPT s’explique par un excès d’hormones de stress qui imprime le souvenir trop profondément dans le cerveau. Si nous parvenons à bloquer les effets de ces hormones, nous pourrons peut-être éviter que les gens emmagasinent des souvenirs intenses susceptibles d’évoluer en SSPT ». 
Le quotidien indique que « dans le cadre d’une étude pilote menée au Massachusetts General Hospital, le Dr Pitman a sélectionné 19 patients ayant récemment subi un traumatisme. Les sujets ont reçu pendant 10 jours soit du propranolol, […] soit un placebo ». 
« Trois mois après, les patients qui avaient reçu du propranolol ont manifesté moins de symptômes de stress que ceux ayant pris le placebo », note The Guardian. 
Le journal précise que le psychiatre et son équipe « ont recruté [pour une autre étude] une vingtaine de personnes ayant subi un traumatisme il y a 20 à 30 ans », pour « atténuer » ce mauvais souvenir.
 
____________________________________________________________________________
   « Dépistage prénatal, alerte aux dérives »  
 
La Croix 
C’est ce que titre La Croix en Une. 
Le quotidien remarque en effet sur 3 pages que « des médecins soulignent l'aspiration croissante de parents à un enfant parfait et une forte demande d'interruptions médicales de grossesse en cas d'anomalie ». 
La Croix s’interroge : « L’arrêt Perruche a-t-il eu des répercussions sur la médecine ? Se dirige-t-on vers un «eugénisme de précaution», autrement dit vers «des décisions d’interruption de grossesse au moindre doute quant à la normalité du fœtus, afin de ne prendre aucun risque médico-légal» ? ». 
Le journal se penche sur le livre qu’ont écrit une philosophe et une sociologue, Danielle Moyse et Nicole Diederich (« Vers un droit à l’enfant normal ? », Editions Erès), après avoir « interrogé plus d’une soixantaine de professionnels de la naissance ». 
Le quotidien note que cet ouvrage « révèle un profond malaise chez les professionnels », qui « se sentent très seuls ». 
La Croix retient ainsi que « la médecine fœtale semble aujourd’hui se diriger vers une naissance à deux vitesses, avec, d’un côté, des femmes qui arrivent à l’accouchement sans véritable suivi médical, de l’autre des femmes bien suivies, qui peuvent donc avoir un enfant exempt de défaut… et qui le réclament ». 
Le quotidien cite en outre Marc Althuser, président du Collège français d’échographie fœtale, qui note qu’« il y a un décalage géographique entre l’offre et la demande ». 
« Selon lui, l’inflation des primes d’assurance et la crainte de procès ont conduit les praticiens les moins bien formés ou équipés à s’arrêter. En un sens, l’arrêt Perruche a donc «assaini» le paysage de l’échographie. Mais, regrette-t-il, il n’y a plus assez d’échographistes. Et les hôpitaux, qui ont vu leur activité bondir, ne sont pas en mesure d’absorber la totalité des demandes », poursuit La Croix. 
Le journal remarque que « ce manque de suivi peut avoir de lourdes conséquences médicales ». 
La Croix note en effet que « certains médecins entrevoient une possible «fracture génétique», selon les termes de Roger Bessis, échographiste libéral à Paris : «Nous ne le constatons pas encore, mais c’est mathématique : les enfants nés avec une malformation seront plus nombreux dans les milieux défavorisés» ». 
Le quotidien publie par ailleurs un entretien avec le Pr Didier Sicard, président du Comité consultatif national d’éthique, qui « met en cause l’intolérance de la société au handicap ». 
 
____________________________________________________________________________
   «La mémoire – Comment notre cerveau apprend, se souvient et oublie »  
 
Les dossiers de La Recherche numéro 22
 
La Recherche publie un numéro spécial entièrement consacré à la mémoire,préfacé par Boris Cyrulnik. 
Le magazine constate en effet dans son éditorial que « l’étude des troubles de la mémoire et de ses pathologies prend une acuité d’autant plus forte en des temps où le vieillissement de la population s’accompagne inéluctablement des maladies neurodégénératives de type Alzheimer ». 
La Recherche publie notamment un texte de Serge Laroche, directeur du laboratoire de neurobiologie de l’apprentissage, de la mémoire et de la communication, à l’université Paris-Sud, Orsay, qui explique « comment les neurones stockent les souvenirs ». 
Le magazine interroge en outre Hervé Allain, qui dirige le laboratoire de pharmacologie expérimentale et clinique de l’université Rennes 1, sur ces « nouvelles classes de médicaments pour la mémoire [qui] sont en cours d’évaluation ». 
La Recherche livre aussi un entretien avec Martial Van der Linden, docteur en psychologie, sur « ce que révèlent les troubles mentaux ». 
Le magazine remarque ainsi : « Qu’y a-t-il de commun entre un patient atteint de dépression, un amnésique et une personne sujette aux obsessions de doute et aux compulsions de vérification ? A première vue, peu de chose. Pourtant, il apparaît que ces trois états s’accompagnent d’un déficit affectant certains aspects de la mémoire épisodique », note La Recherche. 
 
____________________________________________________________________________
   «L'inconscient, le grand absent »  par Samuel Lepastier
 
LE MONDE 
Article paru dans l'édition du 08.02.06

Le scandale du procès d'Outreau ne résulte pas seulement de l'inexpérience d'un magistrat débutant. Pendant toute la durée de l'instruction, son point de vue a été partagé par des associations de défense des enfants comme par une fraction notable des services sociaux spécialisés, tandis que plusieurs médias, en accord avec la majorité de l'opinion publique, ont donné un écho favorable à la procédure. Enfin, par leurs affirmations péremptoires lors des audiences comme par leur influence scientifique, les experts médico-psychologiques ont fourni les indices concordants sur lesquels le juge a appuyé sa conviction intime. Ainsi, la faillite observée est celle des conceptions psychopathologiques qui animent la lutte contre la pédophilie depuis un quart de siècle environ. 

En 1980, dans sa troisième édition, le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM-III) de l'Association américaine de psychiatrie a renoncé aux conceptions psychanalytiques pour privilégier une approche athéorique, plus favorable à la chimiothérapie. En 1984, Jeffrey M. Masson, linguiste de formation, a soutenu que Freud avait renoncé, en 1897, à sa théorie initiale plaçant la séduction sexuelle subie dans l'enfance comme premier facteur étiologique des troubles psychiques de l'adulte. La théorie psychanalytique n'était donc que mensonge (Jeffrey M. Masson., The Assault of the Truth : Freud's Suppression of the Seduction Theory, New York, Farrar, Straus & Giroux, 1984).

Dès lors, aux Etats-Unis, des patients adultes ont évoqué, le plus souvent sous hypnose, des scènes de séduction de leur enfance. Des tribunaux ont considéré que la "mémoire retrouvée" (recovered memory) valait preuve et des abuseurs supposés, les pères le plus souvent, ont été condamnés. La fréquence du syndrome de la "mémoire retrouvée" a conduit à postuler que nombre d'enfants avaient été abusés puis à rechercher les faits corroborant cette assertion. Parallèlement, chez les patients adultes, par un phénomène de contagion propagé par les médias, les récits se sont enrichis pour aboutir à des abus rituels sataniques (satanic ritual abuses) au cours desquels des enfants auraient été abusés et torturés jusqu'à la mort, les restes étant enterrés dans des charniers.

Avec l'affaire Dutroux, l'idée de l'abus rituel satanique s'est implantée en Europe en se laïcisant : des hommes puissants et influents, unis au sein de "réseaux" aux ramifications infinies, partagent des plaisirs criminels. En France, à plusieurs reprises, ont été signalés, avec une grande imprécision, des charniers d'enfants qui n'ont jamais été retrouvés. Initialement, l'instruction d'Outreau avait d'ailleurs pour ambition de mettre enfin au jour, à partir de la misère sociale, des relations complexes remontant à des puissants pervers. En janvier 2002, des pelleteuses ont même été utilisées, leur action est restée vaine.

Les experts médico-psychologiques d'Outreau, loin d'être insuffisamment formés, sont, au contraire, des spécialistes éminents. L'un, titulaire d'une chaire, est créateur d'un diplôme d'université de criminologie, l'autre est professeur de pédopsychiatrie et chef de service des hôpitaux.

Enfin, lorsqu'une troisième a déclaré avoir mené son expertise à partir de critères universitaires parmi les plus récents, elle dit la vérité. Toutefois, ces spécialistes ont été aveuglés par leur méconnaissance revendiquée du psychisme inconscient, tel qu'il est appréhendé par l'expérience psychanalytique.

Il y a plus d'un siècle, Freud avait constaté l'absence totale d'indices permettant de distinguer la vérité du fantasme. Cependant, loin de considérer ses patients comme des affabulateurs, il a distingué la "vérité matérielle" (qui pourrait relever d'une condamnation pénale) de la "vérité historique" (qui structure l'histoire du sujet). Il en conclut à l'existence de pulsions sexuelles dès la plus tendre enfance dont la manifestation la plus aboutie constituait le complexe d'Œdipe. Enfin, il a considéré que le fantasme de séduction sexuelle était originaire, autrement dit qu'il pouvait être retrouvé chez tout le monde.

La volonté de bannir la vie psychique inconsciente dans la psychiatrie athéorique conduit à une cascade de conséquences. Et l'affaire d'Outreau, procès en sorcellerie des sociétés postmodernes, restera un outil pour analyser le passage d'angoisses individuelles aux inquiétudes collectives. Elle nous a montré, à partir du fantasme de séduction sexuelle, le premier degré des théories du complot.

La facilité avec laquelle les accusations de pédophilie contre des innocents ont été reçues révèle des passions haineuses se situant à un niveau à peine inférieur aux accusations de meurtres rituels d'enfants, prétextes des pogroms. Chaque fois que le refus de la pensée et le mépris de la culture sont revendiqués, la place de la démocratie se trouve rapidement remise en question. 
 
____________________________________________________________________________
   « La télé touchée par une épidémie de psychologie »  

« Liliane, 13 ans, l’aînée sacrifiée » ou « Léa, le souffre-douleur de la famille » n’ont plus rien à craindre. « Quelle famille ! », nouveau « Psy show » de M6 (20 h 50), coache désormais ces enfants « en manque d’harmonie familiale ». Sur le plateau, le pédopsychiatre Stéphane Clerget se livrera, comme beaucoup avant lui, à l’exercice du diagnostic public. « Comment régler en un quart d’heure et devant des millions de gens des problèmes intimes et singuliers ? Psychanalyse et télévision sont deux univers antinomiques », s’insurge la psychanalyste Caroline Boudet-Lefort. Régulièrement sollicitée par des productions pour « transmettre des coordonnées de patients qui pourraient témoigner, elle refuse catégoriquement toute contribution.

A Reservoir Prod, on affirme que certains professionnels sont plus souples. La société de Jean-Luc Delarue consomme des psys à la chaîne. « Pour nous, Alain Meunier est un animateur », affirme-t-on en interne, à propos du fondateur d’Urgences psychiatrie, devenu héros de feu « Il faut que ça change » (M6). « On se méfie juste du conseil de l’ordre des médecins ». Car Alain Meunier a été sermonné par sa corporation, à l’instar de son collègue Didier Destal, le « thérapeute » du « Loft ». « Nous veillons à ce que ces passages TV respectent le secret médical, et n’aient pas de visée promotionnelle », affirme le conseil. 

Pas de quoi enrayer la psymania. « Les praticiens de concepts comme “Mères et filles” – la semaine dernière sur M6 – ne se contentent plus d’apporter un point de vue d’experts, analyse la sociologue Dominique Mehl. Ils vont plus loin en prescrivant aux familles des normes arbitraires d’éducation, c’est dangereux. » Cette tendance « répond à une demande », plaide le psychiatre Stéphane Clerget. « Les gens sont déboussolés. C’est notre métier d’assurer une prévention qui ait le plus d’écho possible. Pour ça, pas mieux que la télé. » Au risque de compromettre la pratique professionnelle. Le psychiatre Serge Hefez, ex-présentateur de « Psyche » sur France 5, a déjà « refusé certains patients. Ils ne sollicitaient en moi que le label “vu à la télé” ». Alice Coffin 
____________________________________________________________________________
   «Outreau : autopsie d'une affaire »  

Le juge Fabrice Burgaud, qui a instruit l'affaire d'Outreau, est entendu mercredi 8 février par la commission d'enquête parlementaire. Retour sur une affaire à responsabilités multiples

Me Franck Berton (à gauche), l'avocat d'Odile Marécaux qui comparaissait dans le procès de l'affaire de pédophilie d'Outreau, répond aux journalistes, en juin 2004 devant le palais de justice de Saint-Omer, (photo Huguen/AFP). 

Le calvaire des acquittés de l’affaire d’Outreau a bouleversé la France entière. Mercredi 8 février, le juge Burgaud, entendu par la commission parlementaire, fait figure aux yeux de l’opinion de grand responsable. Or la réalité de ce dossier est bien plus complexe. Retour sur la chaîne de dysfonctionnements qui a abouti à ce désastre judiciaire.
L’affaire s’est-elle résumée à un face-à-face entre le juge Burgaud et Myriam D. (1) ?

On l’a beaucoup dit. Il n’en est rien. On ne peut pas comprendre ce dossier si on oublie qu’il commence et prospère avec les enfants. Tout part des petits D., placés dans des familles d’accueil courant 2000 après des années de signaux d’alerte restés sans suite. Mis en confiance, les quatre garçons commencent à faire des révélations spontanées à leurs assistantes maternelles sur les sévices sexuels subis en famille. Très vite, ils parlent de participants extérieurs.

Au fur et à mesure de l’instruction, leur récit ne va cesser de s’enrichir, jusqu’à évoquer des voyages en Belgique et des scènes de plus en plus insoutenables. À eux quatre, les petits D. vont mettre en cause plus de 80 personnes et évoquer de nombreuses victimes. La mécanique de l’enquête sera toujours la même : les petits livrent des identités assez floues (des prénoms, des surnoms…) ; les policiers tentent d’identifier les agresseurs ; puis demandent confirmation aux adultes. Le « monstre judiciaire » va se construire ainsi, petit à petit.
La parole des enfants a-t-elle été trop prise en compte ?

Que ce soient les assistantes maternelles, leurs supérieurs, les enquêteurs, le juge, les experts psychologues…, tout le monde a cru ce que disaient les enfants. Bien sûr, « tout-le-monde-sait-que-les enfants-peuvent-mentir ». Mais comment de si jeunes enfants pourraient-ils livrer de tels scénarios pornographiques, se demande-t-on alors ?

La terrible affaire Dutroux, si proche dans le temps et l’espace, a pesé de tout son poids. Là-bas, la justice s’était montrée impuissante à protéger les enfants. La justice française, elle, ne va pas les abandonner. Si elle a longtemps négligé les plaintes de petites victimes faute de preuves, elle va se rattraper, foi de juge Burgaud. Pire, les déclarations des enfants D. vont être confortées par celles d’autres enfants qu’ils désignent comme victimes.

Interrogés à de multiples reprises, ces derniers vont finir par accuser à leur tour. Placés en familles d’accueil, ils sont scrutés par leur « tata » qui signale tout comportement inhabituel. Le juge est inondé de signalements. Les expertises psychologiques vont figer le tout : sur les 17 enfants retenus comme victimes supposées du « réseau de pédophiles », tous sans exception seront reconnus comme parfaitement crédibles par les experts. Même la fille de l’une des acquittées, toujours vierge, qui affirme avoir été violée par trois hommes en même temps.

Il faudra un travail colossal de la défense et des semaines d’audience cumulées, à Saint-Omer et à Paris, pour démonter ces accusations en apparence «concordantes», où plusieurs enfants semblent livrer des récits similaires. On réalise alors que leur parole a été polluée dès le départ, enrichie par des assistantes maternelles dévouées mais qui communiquent entre elles. Que les policiers, insuffisamment formés, ont induit les réponses des enfants par leurs questions. Que la rumeur a joué à plein dans le microcosme de la Tour du Renard. Que les enfants ont enrichi leur récit avec ce qu’ils ont pu entendre à la télévision.
Le juge d’instruction a-t-il été trop crédule ?

Le réseau international, le meurtre d’une fillette en pleine orgie, les viols par des animaux de ferme… on imagine mal le degré d’abjection des scènes sorties de l’imagination de Myriam D. et de son fils Marc tout au long de l’instruction. Le juge part du principe que tout est possible. Il n’est pas le seul. L’avocate de David Delplanque, Me Fabienne Roy-Nansion, l’a raconté la semaine dernière aux députés : cette avocate chevronnée a tourné de l’œil en entendant Myriam D. raconter par le menu une scène de viol par un chien… D’ailleurs, « le réseau de notables », tout le monde y croit. Ou a envie d’y croire. Pour preuve, il resurgit régulièrement – derrière Marc Dutroux, Émile Louis ou encore Patrice Alègre. Toujours évoqué, jamais prouvé. Médiatiquement payant.

S’est-on trop fié à un unique accusateur ?                                                                       Suite du dossier
 
____________________________________________________________________________
   «« Les sages entrouvrent la porte du secret des origines »  Libération, Le Figaro, La Croix
 
Libération relève que le Comité consultatif national d'éthique « rendait hier son avis intitulé «Accès aux origines, anonymat et secret de la filiation» ». 
« Un avis qui ne va plaire à personne, a pronostiqué Claude Sureau, membre du comité d'éthique, ni aux fougueux libéralisateurs, partisans de la connaissance des origines, ni aux plus réservés sur les transformations en cours », note le journal. 
Libération indique en effet que « les sages proposent de distinguer le secret (sur la modalité, médicalement assistée, de la conception) et l'anonymat du ou des donneurs de gamètes ou d'embryon ». 
Le quotidien explique que « dans le domaine de la fécondation avec un tiers donneur, ils sont favorables à la levée du secret. Les praticiens, notamment au sein des Cecos, sont invités à prévenir les parents que le secret peut s'avérer «illusoire, voire dangereux pour l'harmonie familiale» ». 
« Pour autant, les sages ne recommandent pas la fin de l'anonymat », indique Libération. Le journal note que pour le CCNE, « les gamètes ne sont pas des parents ». 
Le quotidien précise que « le comité souhaite toutefois laisser une porte ouverte. Le donneur pourrait consigner des informations non identifiantes, par exemple sur les raisons du don, dans des registres que l'enfant pourrait consulter plus tard ». 
Libération indique enfin que « concernant l'accouchement sous X, les sages se prononcent pour le maintien de la situation actuelle », mais précisent qu’« il est important d'informer la mère sur la possibilité de laisser un jour, si elle le souhaite, des renseignements [...] et de pouvoir révéler ultérieurement des données identifiantes ». 
Le Figaro retient pour sa part que « le Comité d'éthique maintient le secret de la filiation ». 
Le journal note que « les sages ne préconisent toujours pas l'abandon de l'anonymat des donneurs de sperme ou d'ovocytes, mais ne s'opposent pas à l'adoption par des couples homosexuels ». 
La Croix remarque aussi que « le Comité d’éthique plaide pour un maintien de l’anonymat », mais « ont ouvert une brèche concernant le don de gamètes dans les procréations assistées ». 
« Ils proposent de laisser le choix, aux donneurs comme aux receveurs, entre un don de gamètes anonyme ou non-anonyme », note La Croix. 
 
____________________________________________________________________________
   « Le face à face psychanalytique »  Revue Française de Psychanalyse
http://www.oedipe.org/fr/revues/groupe_des_revues/novembre2005#

« Parler aujourd'hui du travail psychanalytique en face à face, c'est prendre acte à la fois d'une continuité et d'une nouveauté » annonce l'argument de ce numéro. 
Il s'agit bel et bien du travail engagé avec un psychanalyste et non seulement des entretiens préliminaires. On constate donc que les organisateurs de ce numéro et les contributeurs ont pris acte que des cures pouvaient se mener dans des cadres qui n'étaient pas tous réductibles au canon du dispositif divan/fauteuil. La distinction entre cadre analytique et situation analytique joue alors assez continûment dans les articles proposés qui tendent, pour les mieux construits d'entre eux, à non seulement décrire des fragments de cure, mais à articuler une pensée phénoménologique de la situation, métapsychologique du travail psychique de l'analysant et du psychanalyste et clinique des nouvelles symptomatologies qui sont autres que celles des névroses dites « classiques ».

Ce numéro de la Revue Française de Psychanalyse vient tout droit s'articuler et prolonger le livre de R. Cahn La fin du divan ? (éd. Odile, Jacob, 1993) livre cité, comme de juste, dès l'ouverture de l'ensemble.

Mais, souligne-t-on dans cette revue, le divan jamais n'est trop loin du regard des deux partenaires en présence : l'analyste et l'analysant. Il est là, occupe l'espace. Bref, le travail psychanalytique en face à face se fait tout de même dans un lieu où le divan s'impose souvent comme énigme, lieu espéré, interdit, craint, lieu de pas mal de fantasmatiques transférentielles marquées de connotation en lien avec le corps gisant ou avec le corps relâché dans une passivité sexuée. Le divan, comme support d'un corps imaginaire, prend de la place dans le discours. 

Par rapport à ce qu'induit le dispositif divan/fauteuil, le travail en face à face suppose un autre jeu de regard et de voix. Il induit une autre modalité du rapport pulsionnel du sujet à ses points aveugles et sourds, au regard et à la voix de l'autre, regard et voix que présentifie et absentifie aussi l'analyste. Claude Janin écrit que la présence en face à face du psychanalyste est une nécessité pour prendre en charge certaines « conjonctures psychiques ». Il les définit en précisant qu'alors la priorité du travail clinique est de maintenir ce qu'il nomme « l'être du patient ». Ce n'est donc plus le travail de bisexualité et l'accentuation mise sur l'opposition de la passivité et de l'activité (dont on sait qu'elle fut supposée se refléter dans le dispositif canonique) qui oriente, du moins dans un premier temps, le traitement analytique.

René Roussillon développe autour de l'heureuse expression de « divan en latence » d'étendre le travail psychanalytique en mettant au point des situations analysantes « sur-mesure ». Non que le cadre traditionnel soit aboli, il devient latent, « mis en latence ». Latent dans le fonctionnement psychique de l'analyste, qui s'est allongé lui sur le divan de son propre psychanalyste, et peut-être sur plus d'un divan, latent, aussi, dans le discours de l'analysant, qui évoque ce que serait pour lui la situation allongée. On peut ici se demander ce qu'apporte d'autre de travailler sur des rêves en face à face, tant il est vrai que raconter son rêve est aussi raconter un moment de sa vie psychique et corporelle où l'on est allongé. 

Il ne sera plus alors question de sanctionner du terme de refus ou de résistance à l'inconscient et au transfert, toutes les demandes de sujets qui disent ne pouvoir parler en séance qu'en face à face, et dont il est réducteur d'entendre cette demande comme étant l'expression d'un refus du divan. Certes, des refus de la passivité, des attachements narcissiques à l'activité, des refus de passivation et des craintes de féminisation aussi peuvent expliquer, un temps du moins, pourquoi la situation allongée est tenue pour insupportable par ce ou cette analysant (e). Et René Roussillon de prendre la mesure de ce divan latent absent/présent. Il explore cette situation où il reste quelqu'un en face : soit l'analyste en personne dans le champ visible, pour mettre en lumière des styles de conversation psychanalytiques. Ce surcroît de présence permet à l'analysant de parler de façon complémentaire à un objet psychiquement absent, un objet trop tôt disparu, trop tôt absenté de la vie du sujet. 

« Quand voir est nécessaire » reprend François Missenard, c'est lorsqu'il s'agit pour l'analysant de reconstruire son premier miroir. Ce premier miroir est posé comme le topos par quoi le tout jeune sujet situé. C'est là reprendre Winnicott et sa thèse sur le visage maternel comme premier miroir, (par quoi l'enfant est vu et entendu et au regard de quoi il est suffisamment important pour que sur ce visage se dessine un sourire, et d'où bruissent murmure et parole). Le psychanalyste anglo-saxon reviendra souvent dans ce numéro, pour aussi discuter Lacan dont les thèses sur le miroir sont tout de mêmes assez rabotées, dès qu'on les cite.

Répondant à deux questions que les nouvelles demandes d'écoute et de soin psychique rendent inévitables à tout praticien de la psychanalyse « Qu'est aujourd'hui la demande d'écoute ? » et « Comment se structure dans la situation analytique la construction sensorielle et pulsionnelle des premières identifications ?», ce numéro indique une nette évolution des psychanalystes de la SPP dans leur façon de répondre à l'évolution des demandes de psychanalyse, et dans leur choix de référence doctrinale.

Ces réflexions sur le face à face pourraient aussi trouver des prolongements dans des dialogues avec des praticiens de la psychanalyse, œuvrant ailleurs, en Chine par exemple [viii]où le rapport culturel au face à face est prépondérant et le refus de perdre la face tout autant. Bref, on aimerait une suite où la perspective anthropologique jouerait aussi son rôle dans la pensée des dispositifs. 
____________________________________________________________________________
   « Première greffe partielle du visage »  par Dominique Raizon
Article publié le 01/12/2005 Adresse de la page : http://www.rfi.fr/actufr/articles/072/article_40176.asp


Le professeur Jean-Michel Dubernard, en collaboration avec l’équipe de Bernard Devauchelle du Centre hospitalier universitaire (CHU) d’Amiens, vient de réaliser la première transplantation partielle de la face (nez, lèvres, menton) à partir d’un donneur en état de mort cérébrale. Cette première mondiale est aussi une première à haut risque, tant sur le plan médico-chirurgical que sur le plan psychologique.

La receveuse, une femme de 38 ans gravement défigurée après une morsure de chien, a subi une greffe dimanche 27 novembre. La greffe était une «allogreffe» du triangle facial comprenant le nez, les lèvres et le menton: les gestes ont porté sur l'ensemble «des tissus composites: de la peau, des tissus sous-cutanés, de petits muscles de la face et des éléments artériels et veineux». D’après l'équipe médicale, les lésions dont elle était victime étaient «invalidantes au niveau de l’élocution et de la mastication, et extrêmement difficiles, voire impossibles, à réparer par les techniques de chirurgie maxilo-faciales habituelles». La transplantation, dont elle a bénéficié avec l’accord des deux familles, a été réalisée à partir d’un greffon prélevé sur une «donneuse multiorganes en état de mort encéphalique». 

«La patiente est en excellent état général et l’aspect du greffon est normal», ont indiqué hier le CHU d’Amiens où la greffe a été effectuée et les Hospices civils de Lyon où la patiente a été transférée pour recevoir un traitement complémentaire. Mais le PrJean-Michel Bernard tient à rester prudent: «Au plan technique, on est un peu dans l’inconnu, (…). Au plan immunologique, il me semble qu'il faut associer une greffe de moelle osseuse du même donneur pour éviter le rejet de greffe de peau», a-t-il déclaré. Cette greffe de la moelle osseuse est prévue. Si l’intervention, très lourde, s’est bien passée, il va maintenant falloir attendre pour être assuré d’un véritable succès: «on devrait savoir à la fin de la semaine si ça tient, s’il n’y a pas de rejet massif», a déclaré le PrLaurent Lantieri de l’hôpital Henri Mondor de Créteil, qui projette lui-même de réaliser une greffe de la face. Et, quoiqu’il en soit, la receveuse devra prendre des médicaments anti-rejet à haute dose et à vie. L’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps), qui fait autorité pour de tels protocoles, a été sollicitée.

Mondialement connu pour avoir déjà réalisé la première greffe du pancréas en 1976, puis celle d’une main en 1998, avant de réaliser celle de deux avant-bras en 2000, le PrJean-Michel Bernard s’était montré confiant, dès 2003, sur la possibilité d’envisager une greffe d’une partie du visage. Il avait déclaré publiquement que c’était «techniquement possible. [Mais] on ne se lance pas dans la greffe de face pour faire un coup, on fait ça dans l’intérêt du malade». Une greffe de la face soulève d’autres questions d’ordre éthique et psychologique, comme le soulignent les psychiatres, car la patiente devra faire le deuil de l’identité perdue et s’approprier un nouveau visage.

«Greffer un organe d’un mort fait intervenir l’aspect Frankenstein» 

En effet, cette femme va se découvrir et devoir vivre avec un visage qui n’est plus le sien, ni celui de la donneuse, mais avec un visage hybride. Le PrMaurice Mimoun, spécialiste de chirurgie reconstructrice (Paris), relève l’aspect émotif du débat. Il souligne le fait que «l 'aspect psychologique reste complexe. (…). Le degré de souffrance des patients n'est, souvent, pas proportionnel à la défiguration. Et il y a la question à laquelle on ne peut répondre avant que ce soit fait: un homme ou une femme peuvent-ils vivre une vie agréable avec le visage d'un mort ? ». 

Le psychiatre et psychanalyste Gabriel Burloux (Lyon), très impliqué dans le suivi de patients greffés s’est exprimé: «Le visage a une fonction esthétique, relationnelle et fonctionnelle. Quand quelqu’un perd la face au sens propre, il est amputé de tout cela. (…) Si la personnalité du patient est fragile, elle peut être déstabilisée par le fait de ne plus se reconnaître. Greffer un organe d’un mort fait intervenir l’aspect Frankenstein, le fait d’être habité par un autre». Un suivi psychologique extrêmement solide s’impose dès lors «pour que le sujet considère que c’est son cerveau qui commande».

Le CCNE, «défavorable à un projet de reconstruction d’un visage par allotransplantation»

Sollicité en mars 2004 par le chirurgien Laurent Lantiéri, le Comité consultatif national d’éthique (CCNE), avait rendu un avis «défavorable à un projet de reconstruction d’un visage par allotransplantation de tissus composites» pour tous les risques que cela pouvait engendrer sur le plan à la fois médico-chirurgical et psychologique, mais avaient laissé une porte ouverte en insistant sur le fait que cela relevait du «domaine de la recherche et de l’expérimentation à haut risque ne pouvant être pratiqué que dans le cadre d’un protocole précis». Comme sa dénomination l’indique, l’opinion du CCNE étant un simple avis consultatif, rien n’empêchait donc juridiquement le PrJean-Michel Dubernard de poursuivre ses travaux. 

Cette première greffe de la face a été pratiquée «en accord avec l’Agence de biomédecine», comme l’a confirmé le président du comité consultatif de protection des personnes dans la recherche biomédicale du CHU d’Amiens, et à titre d’«essais cliniques» en accord avec la famille et avec l’Afssaps. Cette première expérience de greffe partielle pourrait, à l'avenir, servir à de grands brûlés, des blessés par balle ou des malades victimes de certains cancers du visage.
 
____________________________________________________________________________
   « Procès d'Outreau : experts en psychologie mis à la question par la cour d'assises de Paris  »  Le Monde Pascale Robert-Diard
Article paru dans l'édition du 19.11.05


D'où est-il parti ? De la gauche, où siègent les avocats généraux, des bancs de droite, où sont regroupés les avocats de la défense, des rangs serrés du public ou de la tribune occupée par la cour et les jurés ? Jeudi 17 novembre, un fou rire irrépressible, libérateur, a saisi la cour d'assises de Paris. A la barre, Christine Condamin, l'une des multiples experts qui avaient été chargés à Saint-Omer (Pas-de-Calais) de l'examen psychologique des enfants d'Outreau, afin de déterminer s'ils présentaient "un traumatisme psychique en lien avec une agression de nature sexuelle", rendait compte de ses conclusions concernant l'un des garçons accusateurs de Dominique Wiel. 

Avec un infini sérieux, elle tirait de ses dessins d'un "papillon avec des trous", d'un poisson, de "deux ours qui saignent parce qu'ils se sont battus" ou d'une "tête de Martien, avec un drôle de nez", des conclusions définitives selon lesquelles l'enfant présentait des signes de "victime d'abus sexuels". Le micro resté ouvert de la présidente a renvoyé l'écho d'un premier fou rire. Mais c'est le très officiel "test du dessin qui n'est pas beau" qui a emporté les ultimes résistances de la salle. 

Louche, forcément louche pour "le contenu intropsychique de l'enfant" était cette "musaraigne à grosse queue, relevée vers le haut et proéminente". Pendant quelques secondes, l'affaire d'Outreau fut cette houle convulsive, secouant la salle d'audience et s'abattant sur une petite femme pointue, stupéfaite.

Après deux journées d'audition à huis clos des enfants, après l'effondrement des charges contre certains accusés et la mise à nu méthodique des absurdités de ce dossier, la cour avait sans doute besoin d'un exutoire, et les experts lui ont fourni une cible facile. Le professeur Jean-Luc Viaux en fut une, et de choix. Après le verdict acquittant sept des dix-sept accusés de Saint-Omer, l'effondrement public de la piste des notables, de celle du réseau belge ou du meurtre d'une fillette, il avait tout à craindre du rappel des conclusions de l'expertise qu'il avait menée sur les trois enfants Delay. Pour tous, il avait estimé qu'"aucun des éléments de nos examens ne nous permet de penser que l'enfant invente des faits ou cherche à imputer des faits à des personnes non concernées".

Me Eric Dupond-Moretti, qui, après avoir été l'avocat de la boulangère Roselyne Godard, acquittée à Saint-Omer, assure en appel à Paris la défense de Daniel Legrand fils, a insisté pour qu'il relise ses conclusions devant la cour. Après que M. Viaux eut avalé ses mots comme autant de couleuvres, l'avocat les a relues, en détachant bien chaque phrase. Un supplice relayé par la présidente, puis par l'avocat général. Se défaussant sur la mauvaise formulation de la mission qui lui avait été confiée, puis sur sa collègue coexperte, le professeur Viaux a fini par concéder, du bout des lèvres, que "peut-être" il avait eu tort de qualifier de "crédible" la parole des enfants.

L'avocat général, Yves Jannier, a laissé exploser sa colère : "Monsieur l'expert, vous n'êtes donc pas capable de dire "Je ne sais pas !"" "Je reconnais que sur le plan syntaxique, la phrase pose des problèmes", a soufflé M. Viaux.

Le coup de grâce a été asséné, en fin de journée, par le psychiatre Paul Bensoussan, cité comme témoin par la défense. Dans cette enceinte, sa dénonciation de la "dictature de l'émotion" qui pèse sur les affaires sexuelles mettant en cause des mineurs résonnait amèrement. "Attention à cette exception sexuelle du droit au nom de laquelle aujourd'hui, parce qu'il faut éviter à tout prix une "douleur" à l'enfant, on porte atteinte aux droits élémentaires de la défense", a-t-il lancé, en évoquant la question de la confrontation entre accusateur et accusé, qui a été systématiquement refusée pendant l'instruction.

"C'est aussi évangélique que dévastateur, a observé M. Bensoussan. Un procès d'assises, c'est perturbant. Mais, ce qui est encore plus perturbant, c'est de faire grandir un enfant dans le statut de victime alors qu'il ne l'a pas été. Pour les accusés, cela peut se compter en années de prison. L'enfant, lui, prend perpétuité." "Dans ce domaine, le doute est une qualité professionnelle", a-t-il rappelé. 

Dans la salle d'audience, plus personne n'avait envie de rire.

ENFIN à La SORTIE:

Jean-Luc Viaux psychologue expert dans le procès d'Outreau, ayant donné crédit aux affirmations d'enfants qui racontaient avoir assisté à 4 meurtres et participé à des orgies avec des animaux. "Propos cohérents", avait noté M. Viaux. 

Les siens sont consternants. "Quand on paie des experts au tarif d'une femme de ménage, on a des expertises de femme de ménage", a-t-il plaidé pour justifier son impéritie. Des experts de cet acabit, il faudrait les payer très cher pour les éloigner des prétoires. Ce serait donner du prix à la vérité. 

Éric Fottorino Article paru dans l'édition du 19.11.05
____________________________________________________________________________

   « Au secours Françoise Dolto, ils sont devenus fous !  » 
  
 http://www.humanite.fr © Journal l'Humanité
 Article paru dans l'édition du 11 octobre 2005. 

Le concept des troubles de conduite dès l’enfance pourrait, selon l’INSERM, être un des facteurs de risque de la délinquance. Dans une expertise de plus de 400 pages, on apprendra comment dépister ces troubles et comment les traiter, parfois avec des médicaments. Non, vous n’êtes pas dans le monde d’Orwell. Biologisme, règne du normatif, absence de toute analyse du contexte social, politique, économique, culturel. Au détriment de l’éthique, de la déontologie, du doute même. Quand on médicalise la délinquance...

La lecture de l’expertise collective de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (INSERM) rendue publique le 22 septembre et intitulée « Trouble des conduites chez l’enfant et l’adolescent » installe, dès ses premières pages, un profond sentiment de malaise qui ne cesse de se confirmer tout au long de sa lecture. Dans cette étude commandée par la Caisse nationale d’assurance maladie des travailleurs indépendants et s’appuyant sur des données de la littérature scientifique internationale, les chercheurs de - l’INSERM proposent « d’améliorer le dépistage, la prévention et la prise en charge du trouble des conduites chez l’enfant », afin de mieux prévenir la délinquance à l’adolescence. Issu des classifications cliniques anglo-saxonnes des troubles mentaux (le DSM IV), le concept de « troubles de conduite » s’exprimerait « par une palette de comportements très divers, qui vont des crises de colère et de désobéissance répétées de l’enfant difficile aux agressions graves comme le viol, les coups et blessures et le vol du délinquant. Sa caractéristique majeure est une atteinte aux droits d’autrui et aux normes sociales ». Nous y voilà. La question est donc de savoir comment détecter au plus tôt les symptômes laissant présager du futur germe de la délinquance et de comportement antisocial à l’âge adulte.

Nous ne sommes pas si loin des théories médicales déterministes de la fin du XIXe siècle sur le criminel-né. L’institut national, comme dans un précédent travail réalisé en 2002 qui affirmait qu’un enfant sur huit souffrait d’un trouble mental, nous affirme aujourd’hui qu’entre 5 % et 9 % des jeunes de 15 ans seraient atteints de troubles de conduite et qu’un dépistage précoce des symptômes de ces troubles pourrait être mis en place à partir de 36 mois en France. On apprend également à manier le concept de trouble oppositionnel avec provocation, pathologie psychiatrique associée aux troublex de conduite, au même titre que le déjà connu trouble de l’hyperactivité.

Timidement, dans l’avant-propos, on notera tout de même que « bien que de nombreuses questions demeurent à propos de leur définition [des troubles de conduite, NDLR], de leur étiologie, des facteurs de risque, des mécanismes sous-tendant leur survenue », les douze experts, dont deux Canadiens, pédopsychiatres, épidémiologistes, cognitivistes, neurobiologistes - aucun sociologue -, ne remettent jamais en cause cette notion, tout en se permettant de se situer « à l’intersection de la psychiatrie, du domaine social et de la justice ». La génétique, le tempérament, la personnalité, « des traits de caractère tels que la froideur affective, la tendance à la manipulation, le cynisme, l’agressivité sont mentionnés comme associés à la précocité des agressions (...) » et font partie, selon les experts, des facteurs de risque des troubles de conduite, au même titre que les antécédents familiaux. Pas un mot sur le contexte social, la précarité, la pauvreté, le chômage, les inégalités... La violence sociale est éludée.

L’expertise est totalement déconnectée de l’environnement social et politique. Ce que déplore la psychologue des adolescents, Maryse Vaillant, pour qui « assimiler la délinquance à une notion de troubles de conduite est une imposture, un déni de la réalité ! Ce n’est pas la psychiatrie qui peut parler de délinquance. On cherche à médicaliser la délinquance, ce qui n’est pas sans rappeler les dérives totalitaires. La délinquance est d’abord une question sociale. Et la société et le politique tentent de se dédouaner sur l’individu. L’expertise est donc biaisée dès le départ. On cherche à apporter des réponses médicales plutôt que d’engager un véritable traitement social de la délinquance ». Il semble également bon de rappeler aux experts, au moment où paraît la correspondance de la psychanalyste Françoise Dolto, que l’individu se construit en tant que sujet en s’opposant et en désobéissant. Un apprentissage de la liberté et de ses limites, constitutif de sa singularité.

On pensait la chose acquise. C’était sans compter avec l’offensive idéologique d’origine outre-atlantique. « Soyons Astérix, s’emporte le pédopsychiatre Marcel Rufo. Soyons les derniers résistants en France pour une médecine du sujet et non de l’organe, pour une médecine de la structure psychique et non du symptôme. Et luttons contre la tendance à la sédation de symptômes gênants. » Sans nier pour autant les difficultés à maintenir le lien entre adultes et adolescents, entre l’institution scolaire et ses élèves, entre la société et ses jeunes. Pour l’épidémiologiste de l’INSERM, Marie Choquet, auditionnée pour cette expertise, « la psychiatrie ne peut apporter que des raccourcis en matière sociale et sociétale. Mais que fait-on de la recherche sociale ? C’est toujours la recherche fondamentale qui prône. Je pense qu’il est possible d’apporter une aide précoce aux parents et aux enfants, mais attention aux débordements ! Que doit recouvrer cette aide ? ». Si tout le monde peut être d’accord avec la recommandation de recours à des « programmes de guidance parentale », « du développement des structures d’écoute et d’accueil pour les enfants, les adolescents et leurs parents », structures qui existent déjà mais dont le manque de moyens et d’effectifs reste criant, le recours à des thérapies individuelles de types comportementalistes comme aux États-Unis soulève quelques interrogations chez nous au moment de la sortie du Livre noir de la psychanalyse qui prône justement les thérapies comportementalistes au détriment d’une psychanalyse jugée inefficace.

Néanmoins, Marie Choquet est convaincue qu’il est possible de mieux aider les parents avec leurs jeunes enfants sans faire pour autant « du flicage ». Le juriste et criminologue Robert Carrio, dans son essai la Prévention précoce du comportement criminel. Stigmatisation ou bien-traitance sociale ? (1), ne rejette pas les expériences états-uniennes et canadiennes menées depuis une trentaine d’années sur les enfants et les familles les plus vulnérables. Mais la question sociale, loin d’être éludée, semble guider le chercheur. « Bien sûr, pour éviter toute stigmatisation supplémentaire des enfants et de leur famille, les interventions doivent être irréprochables aux plans éthique et déontologique (...). C’est pourquoi le souhait de certains d’inclure la prévention précoce dans une perspective de santé publique doit être mûrement - réfléchi, afin d’éviter toute nouvelle stratégie réductionniste. » N’est-ce pas le travers principal de l’enquête de l’INSERM ? Car comment comprendre ces « bonnes » premières intentions de « guidance parentale » quand, en deuxième intention, les experts préconisent, après avoir dépisté et diagnostiqué, le recours aux traitements psychotropes « seulement pour les maladies associées, précise la psychiatre Isabelle Gasquet, un des auteurs de l’expertise, car il n’existe pas de médicament pour les troubles de conduite », nous rassure-t-elle. Il en existe néanmoins pour les troubles de l’hyperactivité, comme la Ritaline, les neuroleptiques pour traiter l’agressivité aiguë et les thymorégulateurs pour le traitement de la dépression... Deuxième intention seulement, mais intention quand même ! Comment ne pas voir là une nouvelle dérive vers ce que Jörg Blech appelle la « pilule d’obéissance », dans un chapitre intitulé « Psychotropes et cours de récré » dans son livre les Inventeurs de maladies, manoeuvres et manipulations de l’industrie pharmaceutique ? (2) S’il ne s’agit pas d’être systématiquement contre l’usage de médicaments, Marcel Rufo rappelle « qu’il faut s’entourer de mille et une précautions avant de prescrire ». Et de rappeler que dans les troubles dits mentaux répertoriés aux États-Unis, on retrouve l’anxiété... Or 5 millions d’élèves y sont sous Ritaline.

Les experts recommandent, dans leur logique de dépistage, d’utiliser les bilans de santé réalisés tout au long de la vie de l’enfant et de l’adolescent. « Quelques items » pourraient ainsi être inscrits dans le carnet de santé « pour repérer les signes précurseurs des troubles de conduite ». Pour les agressions physiques, on pourrait inscrire « s’est bagarré, a attaqué physiquement, a mordu » ; pour l’opposition, « refuse d’obéir, n’a pas de remords ( !), ne change pas sa conduite » ; enfin, pour l’hyperactivité, « ne peut rester en place, remue sans cesse, n’attend pas son tour ». Ceci pourrait prêter à sourire. Mais, dans le monde idéal de Nicolas Sarkozy comme dans celui du président américain George W. Bush, ces concepts se traduisent en programme politique. Mais, de cette réalité, les auteurs de l’expertise semblent bien loin. Irresponsabilité ?
(1) Robert Cario, la Prévention précoce du comportement criminel. 
Stigmatisation ou bien-traitance sociale ? L’Harmattan, 2002.
(2) Jörg Blech, les Inventeurs de maladies. Manoeuvres et manipulations de l’industrie pharmaceutique. Postface de Martin Winckler, Actes Sud, 2005. Maud Dugrand
_____________________________________________________________________________
   « Les pleurs des bébés »  

Suzanne Lallemand ( ethnologue) source: http://www.psychoactu.org/index2.htm

Les pleurs des bébés en bonne santé seraient dus, d'après une étude américaine, à un comportement de survie issu de nos sociétés passées. Ils marqueraient leur vitalité. Le bébé serait donc assez vigoureux pour survivre dans une société vivant essentiellement de chasse et de cueillette.
Mme Lallemand s'interroge sur la fréquence des pleurs: pourquoi cette fréquence varie-t-elle en intensité d'un continent à l'autre?

Celle-ci serait différente notamment en Afrique et Asie, en comparaison avec les pays occidentaux.
Dans les milieux ruraux traditionnels, les bébés sont toujours en contact physique avec leur mère ou très proches d'elle. Le portage est quasi systématique au cours des nombreuses activités quotidiennes des femmes, et la nuit est effectuée auprès de la mère.
L'hypothèse avancée est que cette proximité physique ( très certainement psychique peut-on rajouter) apporterait une satisfaction des besoins et un climat de sécurité qui engendrerait un besoin moins fréquent de pleurer. 

L'occident n'adopte pas le même comportement: le bébé est soumis plus tôt à un éloignement physique de la mère. Il est moins allaité aux sein, il a sa propre chambre ...
La conclusion de l'étude indique que la proximité augmenterait le sentiment de sécurité, ce qui aiderait l'enfant en grandissant à devenir autonome en toute confiance.

Au vu de cette observation, on peut se demander si nos types de sociétés ne confondent pas les priorités. On entend parler d'enfant tyran ( enfant à qui les parents cèdent à toute revendications et qui n'arrive pas à faire l'apprentissage de la frustration, c'est à dire différer un plaisir). On fait aussi souvent l'amalgame avec un bébé que l'on couverait trop.
L'enfant a des besoins différents selon son âge. Un nourrisson ( moins d'un an) a besoin, vu son état de dépendance, que l'on satisfasse ses besoins pour se construire. La proximité physique en est un indispensable!  N'aurait on pas tendance à vouloir " autonomiser " trop vite les bébés: séparations trop longues, attentes trop longues, portage dévalorisé et quand ils sont plus grands, avoir tendance à céder à toutes leurs exigences. Le pleur est un langage, ne le banalisons pas  !!! 
____________________________________________________________________________
   « Attend-on trop des psys ? »  

L'Express numéro 2820 
C’est ce que se demande L'Express sur sa Une. Le magazine note ainsi que les psys « sont partout ! Côté vie familiale, le carnet de consultations est rempli. Côté vie collective, chaque catastrophe est désormais suivie par la mise en place d’une cellule de secours, avec des psychologues spécialisés ». 
L'Express s’interroge cependant : « Sommée de réparer tous les accrocs de l’existence, la psy est-elle surinvestie ? ». 
L’hebdomadaire constate ainsi que le psy « est devenu la pythie des temps modernes », mais note que « c’est le monde à l’envers. Avant, le psy était réservé aux fous. Aujourd’hui, tout le monde a le sien, sauf les fous, vu l’état sinistré de la psychiatrie ». 
L'Express interroge notamment le Dr Daniel Zagury, chef de service au centre psychiatrique du Bois-de-Bondy, qui estime que « la psychiatrie est aujourd’hui plébiscitée, devenue «la bonne à tout faire de la société». […] On psychiatrise, une bonne façon de masquer les effets du chômage, des problèmes d’intégration… De manière générale, on demande à la psychiatrie non plus de soigner les malades, mais d’apaiser un corps social en souffrance ».
____________________________________________________________________________ 
   «Un lien entre baby blues des pères et hyperactivité des fils ? » 

La Recherche numéro 389 

La Recherche rappelle sur quelques lignes que « le baby blues touche aussi les pères », et rend compte d’un article paru dans le Lancet, sur « l’impact de la dépression paternelle sur sa progéniture ». 
Le mensuel explique qu’« une équipe anglo-saxonne a recherché les symptômes dépressifs chez plus de 12 000 parents, 8 semaines après la naissance de leur enfant. Puis elle a suivi les trois quarts de ces familles pendant 3 ans et demi ». 
La Recherche retient ainsi que « le baby blues des pères semble associé à une hyperactivité et à des problèmes de comportement chez l’enfant ». 
Le magazine ajoute que « plus surprenant, les petits garçons semblent seuls concernés ». 
____________________________________________________________________________
   « Le cerveau de l’indépendance  »  
Libération
de David Servan-Schreiber Dec 2005
  
Peter est dans une salle d’attente. Une fumée semble provenir d’une bouche d’aération. Il regarde les personnes autour de lui :aucune d’entre elles ne semble la remarquer. Peter se replonge dans sa lecture. Mais maintenant, il sent une odeur de brûlé. Il lève à nouveau la tête : aucune réaction autour de lui, chacun lit tranquillement son magazine. Peter se dit que cette odeur n’est pas si forte, et retourne à sa lecture. Dans cette expérience, ses compagnons de salle étaient des acteurs payés pour ne pas réagir. Devant leur stoïcisme feint, il faudra à Peter dix minutes et une fumée étouffante avant de sortir de la pièce pour signaler que quelque chose ne va pas… Un groupe peut-il nous faire croire n’importe quoi, y compris qu’un feu qui nous menace n’existe pas ?

Dans une expérience encore plus simple datant des années 1950, Solomon Asch, de l’université Carnegie-Mellon, à Pittsburgh, aux Etats-Unis, demandait à des étudiants de comparer la taille de quelques lignes tracées sur une feuille de papier : plus grandes ou plus petites ? Une tâche qu’un enfant de 5 ans peut accomplir sans difficulté. Mais avant qu’ils ne décident, on leur donnait la réponse d’un groupe de sept de leurs camarades. Et dans certains cas, le groupe donnait exprès une réponse unanime… mais fausse. A la stupéfaction des chercheurs, les trois quarts des sujets ont choisi au moins une fois de donner la même réponse que le groupe, alors qu’elle était évidemment fausse. Et la moitié du temps, un sujet sur quatre se conformait au consensus faux (1) ! Le docteur Solomon Asch est mort en 1996, il s’est demandé toute sa vie ce qui pouvait bien expliquer cette incroyable abdication des humains devant les mauvais choix de leurs congénères.

La réponse vient peut-être d’être trouvée grâce à l’imagerie cérébrale fonctionnelle. A l’université Emory d’Atlanta, aux Etats-Unis, Greg Berns a regardé ce qui se passe dans le cerveau au moment où l’on décide de « faire comme tout le monde ». Lorsque la personne dans le scanner apprend ce qu’un groupe a choisi de façon unanime, c’est la perception même de l’objet qui est modifiée ! L’activité des aires sensorielles, qui mesurent, jaugent, évaluent les objets extérieurs, est modifiée par le jugement du groupe, même si celui-ci se trompe clairement. Tout se passe comme si le sujet de l’expérience ne voyait plus la réalité telle qu’elle est, mais la réalité modifiée par l’opinion des autres. La ligne que le groupe dit être plus longue, chaque sujet la verrait, lui aussi, plus longue (2) !

Et lorsque, au lieu de cette plate conformité, le sujet prenait la décision de s’exprimer contre l’avis unanime du groupe, c’était la région de la peur dans son cerveau émotionnel qui était activée. Comme s’il savait qu’il est dangereux d’affirmer l’évidence, de clamer la vérité devant un groupe qui ne la voit pas.

Nous ne sommes donc pas totalement en contrôle de ce que nous percevons. Le manteau de « l’empereur nu » existe bel et bien dans le cerveau qui le perçoit, aussi longtemps que tout le monde dit le voir aussi. Quelle responsabilité cela nous donne-t-il ! S’il est si facile pour un groupe d’écraser le jugement de chacun là où il prend naissance, au cœur même de la perception dans le cerveau, chacun de nous se doit d’être d’autant plus vigilant sur ses choix. Pour découvrir, et pour défendre, une "vérité" qui existe hors des conformismes, il ne peut y avoir que le jugement individuel de celui ou celle dont l’intégrité et le courage sont plus forts que la peur du rejet des autres. 

C’est l’exemple que nous ont laissé Galilée, Luther, Darwin, Freud, Einstein ou Martin Luther King. Leurs découvertes ou leurs engagements se sont faits, à l’époque, contre l’unanimité de leur milieu. Aujourd’hui, et sans aller jusqu’à changer le monde, nous avons tous besoin de cette intégrité et de ce courage pour orienter notre vie différemment. Comment éviter, sinon, les modèles généralisés d’hyperconsommation ou de relations superficielles qui abondent autour de nous, et nous autoriser à évoluer vers une vie plus épanouissante ? 

1- S. Asch, « Effects of Group Pressure upon the Modification and Distortion of Judgments », in Groups, Leadership and Men, Research in Human Relationships de H. Guetzkow, Pittsburgh : Carnegie Press, 1951, 177-90.
2- G. Berns, J. Chappelow, C. Zink, G. Pagnoni, M. Martin-Skurski, J. Richards, « Neurobiological Correlates of Social Conformity and Independence During Mental Rotation », Biological Psychiatry, 2005. septembre 2005
_____________________________________________________________________________
   « Malaise dans la civilisation, suite »  dans Le Monde par Régis Debray écrivain et philosophe 
25 Nov 2005
  
Les violences en banlieue n'ont aucun lien avec des institutions ou des préoccupations religieuses", dixit le directeur général de la police nationale. Sans doute désireux de se faire reconnaître en acteurs politiques de plein droit, moyennant contrepartie, c'est un fait qu'en dépit d'une mosquée malencontreusement agressée fatwas, imams et hauts dignitaires n'ont joué dans les flamboyances de novembre qu'un rôle principalement scénique. L'offre religieuse d'interposition n'a pas rencontré une vraie demande. Ce constat inspire à nos commentateurs un ouf de soulagement. Un peu à courte vue. 

De bons esprits nous enjoignent de ne pas "culturaliser" une crise dont les clés sont d'évidence le chômage et la ségrégation. Ce serait justifier un "choc des civilisations" et disculper nos classes dirigeantes de leurs responsabilités. Une guerre de religion brûle des hommes. Une guérilla sociale brûle des voitures.
On imagine cependant ce qu'aurait pensé un vieux viennois à barbichette se promenant dans le 93, au vu de ces écoles, théâtres, bibliothèques, crèches, centres culturels incendiés : "Le problème ici n'est pas le trop, mais le pas assez de religion." Le feu sacré est redoutable. L'absence de sacralité, dévastatrice. Aujourd'hui, et partout en Europe, c'est le deuxième cas de figure qui pose question.
Pauvreté (alors bien pire), discrimination des immigrés, crise du logement, exploitation de classe ont hanté pendant des décennies la ceinture rouge de Paris. On y réclamait le pain et les roses. On y défilait, on débrayait, on votait, on faisait le coup de poing — mais en plein jour, sous des étoffes claquant au vent et au son entraînant de La Marseillaise, en 1936, ou de L'Internationale, en 1950 — deux hymnes religieux s'il en est. C'était l'époque où le culte républicain, entretenu par l'école et le service militaire, puis le progressisme messianique du mouvement ouvrier faisaient lever des générations de militants. Où le gamin fils d'ouvrier et de femme de ménage aspirait avant tout à parler français mieux qu'un Français de souche. 2005 a vu disparaître de l'ancienne "zone" le drapeau rouge, a fortiori le tricolore.
C'est moins le vert qui a pris la place que le United Colors of Benetton. Désaffiliés de tout, sauf de la marchandise, apparemment plus préoccupés par les signes de la richesse sur soi que par sa redistribution à tous, les enfants à streetwear du rap et du zapping ont pour repères des marques de blouson et de chaussures. Damnés de la terre ou laissés-pour-compte du capitalisme ?
Entre les anciens combats de l'espérance et l'actuelle désespérance du vandale, entre la férule du Parti et celle du ghetto, entre l'âge de L'Internationale et celui des "territoires", nulle continuité. La cassure symbolique n'est pas moins grave que la sociale. Elle touche au fondamental, qui est la croyance et le sentiment d'appartenance. Dans le lien libidinal unissant les activistes les uns aux autres, a disparu l'identification à des enseignes politiques ou des martyrs laïques, éléments moteurs et sublimants d'un idéal de groupe.
Tony Montana (le héros du dernier Scarface), qu'on dit être l'icône des quartiers, n'est pas porteur d'avenir, comme l'étaient, à tort ou à raison, les images de Trotski, de Staline ou du Che. Prendre un voyou pour héros et le business pour une solution n'annonce rien de très progressiste. C'est la présence d'un surmoi mental et moral qui différencie une jacquerie urbaine d'un soulèvement révolutionnaire, ou l'encapuché sans leader ni slogans des "quartiers" de l'insurgé à passe-montagne du Chiapas.
Parler d'Intifada, comme on l'a fait à l'étranger, laisse perplexe. Où est la Terre promise ? L'île d'utopie ? Le projet ? Les valeurs ? Cet assèchement mythologique raccorde cet épisode hexagonal au drame culturel européen. "Cherchons religion civile désespérément. Prière s'adresser d'urgence aux gouvernements de Paris, Madrid, Rome, Berlin, La Haye."
Freud, qui n'était pas tendre pour la névrose obsessionnelle baptisée croyance religieuse, en était venu à la fin de sa vie à lui reconnaître au moins un mérite capital. Non pas, comme le cynique Voltaire, celui d'endormir la misère humaine et d'inciter les pauvres à souffrir en silence en attendant le paradis, mais le mérite, plus fondamental, de réunir des individus isolés en canalisant et le plus souvent en inhibant cette "disposition instinctive, primitive et autonome de l'être humain" : l'agressivité. Le sentiment religieux peut certes basculer dans l'instinct de mort, dans la mesure même où "unir les uns aux autres par les liens de l'amour une grande masse d'hommes ne peut se faire qu'à la condition qu'il en reste d'autres en dehors pour recevoir les coups". Mais, en dépit de cette tragique ambivalence, fondamentalement, le mythe du péché originel et de la rédemption oeuvre au service d'Eros et fait partie du "combat de l'espèce humaine pour la vie". Le sentiment de culpabilité, et donc d'autopunition, donne du grain à moudre à la conscience morale.
En quoi l'"opium du peuple", qui fut en réalité la vitamine du pauvre, contribue au "programme de civilisation", qui épargne nos cousins les chimpanzés. La "pacification des moeurs" (pour reprendre l'expression de Norbert Elias) repose en définitive sur le renoncement à nos satisfactions infantiles, sur le sacrifice toujours laborieux de nos ardeurs, notamment sexuelles, sur l'inhibition répressive et disciplinée de nos pulsions par toutes sortes d'institutions civilisatrices — famille, école, métier, armée, Etat. Bref, sur la tension entre un Surmoi sévère et un Moi sans cesse à soumettre.
Ces expressions anachroniques, qu'on jugera fort réactionnaires, sont empruntées à un maître livre de 1929, écrit dans un style simple et direct, aujourd'hui passé sous silence par la plupart des psychanalystes, intitulé Malaise dans la civilisation. Il serait urgent de le rééditer, même si on peut comprendre la relégation aux oubliettes de cette oeuvre prophétique. Le vieux Freud y défend une thèse des plus incorrectes et intempestives : la recherche effrénée par les individus, dès leur plus jeune âge, du plaisir maximal ne peut que déboucher sur un ensauvagement général du vivre ensemble. Encore ce sombre pronostic datait-il d'avant l'omniprésente publicité appelant sur tous les trottoirs et écrans à la satisfaction sans tarder du moindre désir ; d'avant les mass media, avec les deux coïts et les trois meurtres par minute désormais exigés de la moindre série télévisée qui se respecte.
Qu'eût dit notre Père Fouettard, ce grand émancipateur qui connaissait le prix de l'émancipation ? Que la poursuite du "programme de civilisation" est rien moins qu'assurée. Pour le dire dans ses mots à lui : la sublimation en culture intellectuelle, artistique et religieuse de nos pulsions libidinales impliquait son lot de souffrances individuelles, celles du refoulement.
La désublimation en cours porte dans ses flancs la désintégration européenne, fédérale, nationale et personnelle. Alimentée par un consumérisme sans rivages et par le désencadrement politique et la désaffection nationale (aggravée, chez nous, par la fin criminogène du service militaire obligatoire), la dépression du croire rendra de plus en plus douloureuse la vie en société. Parce qu'un supermarché n'a jamais suffi à faire une communauté. L'apothéose de la marchandise sur fond de crise économique a placé sous nos pieds, partout, une bombe à fragmentation.
" Deux choses menacent le monde, disait Valéry : l'ordre et le désordre." Ajoutons : deux choses menacent la Cité, l'excès d'autorité symbolique et l'absence d'autorité symbolique. C'est cette dernière, aujourd'hui, qui passe la facture à la République française. Car là où défaille l'autorité, qui est le contraire du pouvoir, ne triomphe que la loi du plus fort, cette tristesse.
_____________________________________________________________________________
   « Les fréquents suicides dans les campus & la santé mentale des étudiants   
Source: le Quotidien du Peuple en ligne


L'acte désespéré du suicide chez les étudiants universitaires se banalise. Depuis le début de cette année, 15 étudiants d'universités se sont suicidés sur les campus de Beijing. Ces vies, tragiquement perdues, permettent de se rendre compte de la détérioration de la santé mental des étudiants dans les universités. 

L'état mental des élèves d'universités est un point essentiel de recherche des psychologiques. Une récente étude montre que plus de 60% des étudiants universitaires ont des problèmes mentaux au-delà de la moyenne raisonnable ; mais plus grave encore, ce nombre est en constante augmentation. Un sondage sur ces étudiants a montré que 10,7% d'entre eux ont considéré le suicide comme solution à leurs difficultés. 

Les experts ont souligné que les suicides sur les campus sont directement liés à la pression du cursus universitaire, du travail, de l'amour, des capacités financières & économiques, de conflit de famille ou d'autres fardeaux, avec la pression des charges des cours étant le premier tueur. 

« Le suicide sur campus, provoqué par la pression universitaire, est une fatalité qui semble principalement ?uvrer que dans les célèbres universités » note un professeur de l'Université de Tsing Hua. La rude compétition, les examens constants dans les études, puis la compétition dans la recherche d'un travail conduisent ces étudiants à s'évader en abandonnant leurs vies. 

Une étudiante en deuxième année de l'Université de Pékin a, en avril dernier, sauté du neuvième étage d'un bâtiment du campus. Plusieurs jours avant qu'elle se soit tuée, ses camarades de classe se remémore « la perte de confiance en elle-même » qu'elle disait ressentir. 

Deux semaines plus tard, un étudiant en Doctorat s'est tué de la même manière. Frustré parce que son professeur ne semblait pas tout à fait d'accord sur sa dissertation, il pensait ne pas pouvoir obtenir pas son diplôme. 

L'éducation inadaptée au sein de la famille laisse sur ces étudiants des traces difficiles à effacer ; souvent enfant unique, ces étudiants ne savent pas prendre soin d'eux-mêmes et éprouvent des difficultés à coopérer avec autrui. Ils deviennent ainsi déçus, dépressifs, insociable ou excentrique, menant à divers autres problèmes mentaux. 

À peine deux semaines dans la nouvelle année universitaire 2005-2006, un étudiant de première année d'une université de la province de Guangdong (Chine du sud) s'est suicidé sur le campus. Sa raison ? Une nourriture qui n'était pas à son goût et il ne savait pas laver ses vêtements. 

Pourquoi est-ce que les étudiants universitaires, considérés comme des "personnes exceptionnellement chanceuses" choisissent de finir leurs vies, apparemment "belles", si prématurément ? 

Le système éducationnel actuel, avec sa multitude d'examens, conduit les étudiants à fonctionner juste comme des "machines à examen," supprimant toute acquisition d'autres capacités. Leur connaissance s'accumule jour après jour, mais développent au même moment une personnalité renfermée. 

Un professeur d'université a précisé que ces problèmes mentaux peuvent causer la folie, ou pire encore, suicide, crimes, et autres problèmes sérieux. 

Les experts réclament, au plus tôt, l'établissement sur les campus d'un mécanisme d'avertissement et d'intervention en plus des conseils et de l'éducation psychologique, afin de ramener ces tragédies causées par les problèmes mentaux à un minimum. Cependant, l'établissement d'un système mental de santé dans les campus reste encore à son premier stade, et ce en dépit de mesures déjà prises par quelques universités de quelques grandes villes. 

Les cinq principaux symptômes des problèmes mentaux des étudiants sont :

1. Inquiétude. L'inquiétude, la nervosité, les soucis, ou la crainte provoquée par des échecs passés, prévus ou à venir. 

2. Renfermé. Après avoir souffert de déconvenues ou d'échecs, les étudiants développent par autodéfense une sorte de fermeture sur soi. Avec le temps, plus rien n'inspire ces étudiants et, par conséquence, ils écoulent leur temps sans accomplir grand-chose. 

3. Petit esprit. Des étudiants ne peuvent jamais mettre de côté certaines rancoeurs, plaintes ou griefs qui ressentent. Par conséquence, lorsqu'ils rencontrent des difficultés, ils deviennent facilement excentriques et calculateurs. 

4. Arrogance. L'arrogance est une sorte de psychologie hypocrite produit par la surestimation de ses propres capacités. 

5. Mépris de soi. Les étudiants avec un mépris de soi perdent la confiance en eux-mêmes et sont susceptibles de développer un autisme infantile (égocentrisme complet ; incapacité de communiquer avec le monde extérieur) en raison des mauvaises relations avec autrui.
_____________________________________________________________________________
   « Les maux de la psychiatrie »  dans Libération Eric Favereau 15 Octobre 2005
 http://www.liberation.fr/page.php?Article=331171  

Le vocabulaire de la maladie mentale se rapproche de plus en plus de celui de 
l'univers carcéral:   Les maux de la psychiatrie

Un brouillard pesant s'est abattu depuis quelques mois sur la psychiatrie 
publique en France. Elle reste au dernier rang des priorités, en dépit des plans 
d'annonce d'un Philippe Douste-Blazy qui, quand il était ministre de la Santé, 
promettait monts et merveilles, avant de laisser un dossier en panne à son 
successeur: tous les budgets sont en diminution, sauf ceux de l'industrie 
pharmaceutique, seul acteur en santé mentale à disposer de ressources; les 
psychiatres continuent de déserter leurs responsabilités en délaissant l'hôpital 
pour lui préférer l'exercice libéral; enfin, la grande fragilisation d'une 
partie de la population provoque une demande de plus en plus insatisfaite.
Mais le plus grave symptôme est peut-être l'incroyable régression dans le 
vocabulaire employé quand on parle désormais de maladie mentale. Ainsi, quand un 
patient séjourne dans un hôpital psychiatrique, il n'est plus hospitalisé mais 
«interné». Quand un patient disparaît quelques heures de sa chambre ou de son 
service, ce n'est plus ni une permission ni une fugue, mais une «évasion». Et le 
dit évadé est aussitôt présenté, sans l'ombre d'une preuve, comme «violent», 
voire «dangereux». Au point que, lors de la sortie d'un malade du centre 
hospitalier de Quimper, le 12 août, France-Soir peut titrer : «Passoires 
psychiatriques». Evoquer la réhabilitation des murs d'un hôpital ? Cela devient 
une opération de «sécurisation» du lieu. On ne parle plus d'hôpitaux 
psychiatriques mais d'asiles. Le psychiatre n'est plus un «médecin», mais un 
«expert» que l'on sollicite pour qu'il pose son curseur sur l'échelle de 
dangerosité de l'individu : expertises qui, soit dit en passant, sont une honte 
pour la profession, effectuées à la chaîne comme on entasse des primes. Enfin, 
le très sérieux Inserm (Institut national de la santé et de la recherche 
médicale) n'a plus de mots, juste des chiffres statistiques pour parler de 
troubles mentaux.

Bien sûr, l'affaire de l'hôpital de Pau, en décembre 2004, où deux employés 
avaient été sauvagement assassinés par un détenu ­ pardon, par un patient ­, a 
frappé l'opinion au point de renforcer l'éternel cliché du «fou dangereux», 
stéréotype sur lequel viennent se superposer des raisonnements confus, du type : 
le fou est dangereux, donc il faut enfermer, mais quand il est en prison, on 
vient se plaindre que ce n'est pas sa place.
Loin de nous l'idée de croire à un supposé temps idyllique où la folie avait une 
image bucolique et un vocabulaire fleuri. La maladie mentale est douloureuse, 
pénible. Elle exclut, évite, alourdit le moindre geste, elle est d'une extrême 
difficulté à vivre pour les proches. Mais est-ce bon signe d'avoir plus de 
chances de rencontrer des vigiles avec leurs chiens qu'un médecin, si on va le 
soir dans un de ces hôpitaux? Est-ce encourageant que l'évocation du soin en 
psychiatrie ne fasse surgir que l'éternel concept d'obligation de soins ? Ce 
n'est plus surveiller ou punir, c'est surveiller et punir. 
_____________________________________________________________________________
   «Les aveugles et la perception des émotions » 

Source www.psychoactu.org
Pour leur rendre hommage, une émission a dédié une soirée aux femmes. 
magazine cerveau et psycho n°8
Un reportage a attiré notre attention: Une mère de famille élève ses deux enfants en bas âge. rien que de très normal et pourtant cette femme présente une particularité : elle est aveugle de naissance, un handicap qui, nous montre t-elle, nécessite un ensemble d'adaptations.


A la question de la présentatrice ; comment faites vous pour savoir quand le bébé vous sourit?...la maman répond, je le sens ( pas avec les mains) comme une impression.
La science vient étayer ce témoignage et lui donner un substrat anatomique.
Il y aurait une vision non consciente mais traitée par le cerveau: par le complexe amygdalien droit encore relié à la rétine. Cette zone du cerveau guide de façon inconsciente le regard vers les parties du visage exprimant une émotion.
_____________________________________________________________________________
   «Ados: Repérer les vraies crises et les faux drames » 

Le Parisien, L’Humanité, Le Point numéro 1704 
Le Parisien consacre deux pages au sujet, à l’occasion de l’ouverture aujourd’hui à Paris du 1er Forum adolescence, à l’initiative de la Fondation Wyeth pour la santé de l’enfant et de l’adolescent, « avec le concours du CNRS, de l’Inserm et d’une brochette impressionnante de spécialistes des ados (psys, médecins, sociologues, éducateurs, créateurs de messageries Internet…) », précise le journal. 
Le Parisien explique que ce forum a pour but d’« évaluer les vrais signes d’alerte qui peuvent entraîner l’adolescent dans une grave crise ». 
Le quotidien livre en outre un entretien avec le pédopsychiatre Philippe Jeammet, qui déclare notamment voir « trop d’ados qui ne font rien, n’éprouvent rien, n’ont envie de rien. […] La fermeté tranquille, c’est ça qui est rassurant », ajoute le spécialiste. 
L’Humanité publie également un entretien avec Philippe Jeammet, qui rappelle que « l’adolescence est une période inconfortable ». 
Le Point propose pour sa part un mini supplément sur le sujet. Le magazine note entre autres que « près de 10 % des jeunes souffrent de véritables troubles du comportement, liés à une vulnérabilité particulière ». 
Le Point publie en outre un jeu, « les Tables de l’oie, Spécial ados », réalisé par le pédopsychiatre Marcel Rufo, pour « permettre aux jeunes de mieux identifier leurs éventuels comportements à risque et les inciter à en parler ». 

_____________________________________________________________________________
 «Les adolescents manquent de sommeil »

Le Figaro
Martine Perez remarque dans Le Figaro qu’« une enquête de la Sofres dévoilée hier à l'occasion de la 5 ème journée nationale du sommeil, par l'Institut du sommeil et de la vigilance, portant sur 502 adolescents de 15 à 19 ans, montre que 34 % d'entre eux se plaignent de somnolence dans la journée, en raison, le plus souvent, d'un manque de sommeil. Moins souvent, la somnolence dans la journée est liée à l'insomnie et aux traitements qui y sont associés », précise la journaliste. 
Martine Perez ajoute que « l'enquête montre que 24 % des adolescents se sentent somnolents tous les jours ou presque au réveil, 10 % le sont tous les jours ou presque toute la journée ». 
La journaliste poursuit, notant : « Alors que la durée moyenne de sommeil des adolescents sans contrainte horaire est estimée à 9 h 30, l'enquête de la Sofres met en évidence un temps de sommeil très inférieur en moyenne de 7 heures et 46 minutes, avec une récupération le week-end ou les jours de repos avec une durée de sommeil alors de 9 h 10, supérieure à 10 heures pour 50 % des jeunes interrogés ». 
La journaliste remarque en outre que « si les adolescents se lèvent à 6 h 43 en semaine, ils n'ouvrent l’œil qu'à 10 h 21 le week-end », puis indique que « l'état de somnolence varie au cours de l'année et prédomine en décembre, janvier et février. Au contraire, juillet et août sont perçus comme les mois de moindre somnolence ». 
Martine Perez rappelle que « le sommeil est déterminant pour la croissance, la maturation cérébrale, le développement et la préservation des capacités intellectuelles. Il est essentiel à l'ajustement des sécrétions hormonales et sa réduction favorise la prise de poids et l'obésité. De plus, la mise au repos du système cardio-vasculaire au cours du sommeil est un facteur important de prévention ». 
La journaliste livre des propos du Pr Patrick Lévy, président de l'Institut du sommeil et de la vigilance, qui déclare notamment qu’« en raison de la tendance naturelle des adolescents à se réveiller tard et de leur besoin de sommeil, il est légitime de se demander s'il ne faudrait pas aménager des horaires matinaux plus tardifs en semaine pour les lycéens »
 
 
[haut de page]

La Source - 26 chemin du Bessayré - 31240 SAINT JEAN
Tél. (33) 05.61.74.23.74 / Fax : (33) 05.61.74.44.52 / Mail :